nouvelle peuvent à la vérité changer leur tempérament;
mais ne peuvent pas influer allez fur les parties folides
& organiques pour en altérer la forme, fur-tout 11 l’ac-
croiffement de leur corps étoit pris en entier; par con-
féquent la première génération ne fera point altérée, la
première progéniture de ces animaux ne dégénérera pas,
1 empreinte de la forme fera pure, il n’y aura aucun
vice de fouche au moment de la nailfance; mais le
jeune animal effuyera, dans un âge tendre & foible, les
influences du climat, elles lui feront plus d’imprefîion
qu’elles n’en ont pu faire fur le père & la mère, celles
de la nourriture feront auffi bien plus grandes & pourront
agir fur les parties organiques dans le temps de
l ’accroiffement, en altérer un peu la forme originaire».
& y produire des germes de défeéluofités. qui fe mani-
fefteront enfuite d’une manière très-fenfible dans la
fécondé génération, où la progéniture a non feulement
fes propres defauts, c ’eft-à-dire, ceux qui lui viennent
de fon accroiffement, mais encore les vices de la
fécondé fouche, qui ne s’en développeront qu’avec
plus d’avantage; & enfin à la troifième génération les
vices de la fécondé & de la troifième fouche, qui
proviennent de cette influence du climat & de la nourriture,
fe trouvant encore combinés avec ceux de {’ influence
aétuelie dans l’accroiffement, deviendront fi
fenfiblea, que les caractères de la première fouche en
feront effaces: ces, animaux de race étrangère n’auront
plus rien d étranger, ils reffembleront en tout à ceux
du pays: des chevaux d’Efpagne ou de Barbarie, dont
on conduit ainfi les générations, deviennent en France
des chevaux françois, fouvent dès la fécondé génération,
& toujours à la troifième ; on eft donc obligé de croifer
les races au lieu de les conferver, on renouvelle la race
à chaque génération , en faifant venir des chevaux Barbes
ou d’Efpagne pour les donner aux jumens du pays, & ce
qu’il y a de fingulier, c ’eft que ce renouvellement de
race, qui ne fe fait qu’en partie, & , pour ainfi dire, à
moitié, produit cependant de bien meilleurs effets que fi
le renouvellement étoit entier : un cheval & une jument
d’Efpagne ne produiront pas enfemble d’auffi beaux chevaux
en France que ceux qui viendront de ce même cheval
d’Efpagne avec une jument du pays ; ce qui fe concevra
encore aifément, fi l ’on fait attention à la compenfation
néceffaire des défauts, qui doit fe faire lorqii’on inet enfemble
un mâle & une femelle de différens pays : chaque
climat, par fes .influences & par celles de la nourriture,
donne une certaine conformation qui pêche par quelque
excès ou par quelque défaut ; mais dans un climat chaud
il y aura en excès ce qui fera en défaut dans un climat
froid, & réciproquement; de manière qu’il doit fe faire
une compenfation du tout lorfqu’on joint enfemble des
animaux de ces climats oppofés ; & comme ce qui a le
plus de perfection dans la Nature efl ce qui a le moins
de défauts, & que les formes les plus parfaites font
feulement celles qui ont le moins de, difformités, le produit
de deux animaux, dont les défauts fe compenferoient
E e ij