defagréable eft mauvais; l’un & l’autre ne font que des*
rapports convenables ou contraires; à leur nature , à,
leur organifation. Le plaifir que le chatouillement nous.-
donne, la douleur que nous caufe une blefliire„font des,
douleurs & des plaifirs qui nous font communs avec les-
animaux, puifqu’ils dépendent abfolument d’une caule
extérieure matérielle, c ’eft-à-dire, d’une action plus ou
moins forte fur les nerfs qui font les organes du fe miment,
Tout ce qui agit mollement fur ces organes,,
tout ce qui les remue délicatement, eft une caufe de
plaifir; tout ce qui les ébranle violemment, tout ce qui
les agite fortement, eft une caufe de douleur. Toutes les;
fenfations font donc des fources. de plaifir tant qu’elles
font douces, tempérées & naturelles; mais dès qu’elles
deviennent trop fortes, elles produifent la douleur, qui,,
dans le phyfique, eft l ’extrême pluftôt que le contraire
du plaifir..
En effet une lumière trop vive, un feu trop ardent ;
un trop grand bruit, une odeur trop forte, un mets
infipide ou grolfier, un frottement dur, nous, bleflent
ou nous affeéfent defàgréablement; au lieu qu’une couleur
tendre, une chaleur tempérée, un fon doux, un;
parfum délicat, une laveur fine, un attouchement léger,,
nous flattent & fouvent nous remuent délicieufement..
Tout effleurement des fens eft donc un plaifir, & toute
fècoufle forte, tout ébranlement violent, eft une douleur;
& comme les caufes; qui peuvent occafionner des;
commotions & des ébraniemens yiolens fe trouvent plus
rarement dans la Nature que celles qui produifent des
mouvemens doux & des effets modérés; que d’ailleurs
les animaux,, par l’exercice de leurs fens , acquièrent en
.peu de temps les habitudes non feulement d’éviter les
rencontres offenlàntes, & de s’éloigner des chofes nui-
fibles, mais même de diftinguer les objets qui leur
conviennent & de s’en approcher ; il n’eft pas douteux
qu’ils n’aient beaucoup plus de fenfations agréables que
d e fenfations defagréables, & que la fournie du plaifir
ne foit plus grande que celle de la douleur.
Si dans l’animal le plaifir n’eft autre choie que ce
.qui flatte les fens, & que dans le phyfique ce qui flatte
iies fens ne foit que ce qui convient à la Nature; fi la
douleur au contraire n’eft que ce qui bleffe les organes
■ Si ce qui répugne à la Nature; fi, en un mot, le plaifir
eft le bien, & la douleur le mal phyfiques, on ne peut
tguère douter que tout être fentant n’ait en général plus
de plaifir que de douleur: car tout ce qui eft convenable
à là nature, tout ce qui peut contribuer à la confer-
vation, tout ce qui loûtient Ion exiftence eft plaifir;
tout ce qui tend au contraire à là deftruélion, tout ce
qui peut déranger fon organifation, tout ce qui change
fon état naturel, eft douleur. Ce n’eft donc que par Je
plaifir qu’un être fentant peut continuer d’exifter.; & fi
la fomme des fenfiitions flatteufes, c ’eft-à-dirc, des effets
convenables àj là nature,, ne liirpalfoit pas celle dès
fenfàtions douloureufes ou des ;effets qui lui font contraires,
privé de plaifir il’ languirait d’abord faute de
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