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pour la chafle, mais ils font meilleurs pour la guerre,
ils font plus étoffés & plus tôt formés. On tire de la baffe
Normandie & du Cotentin de très-beaux chevaux de
carroffe, qui ont plus de légèreté & de reffource que
les chevaux de Hollande; la Franche-Comte & le Bou-
lonnois fourniffent de très-bons chevaux de tirage : en
général les chevaux François pèchent par avoir de trop
groffes épaules, au lieu que les Barbes pechent par les
avoir trop ferrées.
Après l ’énumération de ces chevaux qui nous font
le mieux connus, nous rapporterons ce que les voyageurs
difent des chevaux étrangers que nous connoiffons
peu. Il y a de fort bons chevaux dans toutes les ifîes de
l ’Archipel; ceux de l’ifle de Crète (u) étoient en
grande réputation chez les anciens pour l’agilité & la
vîteffe, cependant aujourd’hui on s’en fert peu dans le
pays même, à caufe de la trop grande afpérite du ter-
rein , qui eft prefque par-tout fort inégal & fort mon-
tueux: les beaux chevaux de ces ifîes, & même ceux
de Barbarie, font de race Arabe. Les chevaux naturels
du royaume de Maroc font beaucoup plus petits que les
Arabes, mais très-légers & très-vigoureux fx j. M. Shaw
prétend ( y ) que les haras d’Egypte & de Tingitanie
(u) Voyez la defcription des iiles de l’Archipel, par Dapper,
page 462.
(x) Voy. l’Afrique de Marmot. Paris, l 'S 6y, tome II,page 1 2 y
(y) Voy. les voyages de M. Shaw, traduits en françois. La Haie,
iy 4 8 , tome I,page g 0 8,
l’emportent aujourd’hui fur tous ceux des pays voifins;
au lieu qu’on trouvoit, il y a environ un fiècle, d’auffi
bons chevaux dans tout le refte de la Barbarie : l’excellence
de ces chevaux Barbes confifte, d it-il, à ne
s’abattre jamais, & à fe tenir tranquilles lorfque le cavalier
defcend ou laiffe tomber la bride ; ils ont un grand
pas & un galop rapide, mais on ne les laiffe point troter
ni marcher l’amble : les habitans du pays regardent ces
allures du cheval comme des mouvemens greffiers &
ignobles. Il ajoute que les chevaux d’Egypte font fupé-
rieurs à tous les autres pour la taille & pour la beaute ;
mais ces chevaux d’Egypte, auffi-bien que la plufpart
des chevaux de Barbarie, viennent des chevaux Arabes
qui font, fans contredit, les premiers & les plus beaux
chevaux du monde.
Selon Marmol (y,), ou pluftôt félon Leon l’Africain
(a), car Marmol l’a ici copié prefque mot à mot,
les chevaux Arabes viennent des chevaux fàuvages des
deferts d’Arabie, dont on a fait très-anciennement des
haras, qui les ont tant multipliés, que toute l ’Afie &
l ’Afrique en font pleines ; ils font fi légers, que quelques
- uns d’entre eux devancent les autruches à la
courfe : les Arabes du defert & les peuples de Lybie
élèvent une grande quantité de ces chevaux pour la
chaffe , ils ne s’en fervent ni pour voyager ni pour
combattre, ils les font pâturer lorfqu’ii y a de l’herbe ;
B Voyez l’Afrique de Marmol, tome I, page y 0.
(a) Vide Leonis Afric. de Africa defeript. t. II, p. 750 8c y y 1.
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