renouvellement, tout accroiffement par la génération,, par
la nutrition, par le développement, fuppofent donc une
deftruétion précédente, une converfion de ûibftance, un
tranfport de ces molécules organiques qui ne fe multiplient
pas, mais qui, fubfiftant toujours en nombre égal,
rendent la Nature toujours également vivante, la terre
également peuplée, & toujours également refplendiflante
de la première gloire de celui qui l’a créée.
A prendre les êtres en général, le total de la quantité
de vie eft donc toujours le même, & la mort qui
femble tout détruire, ne détruit rien de cette vie primitive
& commune à toutes les efpèces d ’êtres orga-
nifés: comme toutes les autres puiffances fubordonnées
& fubalternes, la mort n’attaque que les individus, ne
frappe que la furfàce, ne détruit que la forme, ne peut
rien fur la matière, & ne fait aucun tort à la Nature
qui n’en brille que davantage, qui ne lui permet pas
d ’anéantir les efpèces, mais la lailfe moifTonner les
individus & les détruire avec le temps, pour fe montrer
elle-même indépendante de la mort & du temps, pour
exercer à chaque inftant fà puifîànce toujours aétive,
manifefter fa plénitude par fa fécondité, & faire de
l’Univers, en reproduifànt, en renouvelant les êtres, un
théâtre toujours rempli, un fpeélacle toujours nouveau.
Pour que les êtres fe fuccèdent, il eft donc nécef-
fàire qu’ils fe détruifent entre eux, pour que les animaux
fe nourriflent & fubfiftent, il faut qu’ils détruifent des
végétaux ou d’autres animaux; & comme avant & après
la deftruclion la quantité de vie refte toujours la même,
il femble qu’il devroit être indifférent'à: la Nature que
telle ou telle efpèce détruisît plus ou moins; cependant,
comme une mère économeY aü feih même''de l’abondance,^
elle a fixé des bornes- à la dépenle & prévenu
le dégât apparent, - en ne donnant qu’à peu d’efpèoes
d’animaux j ’inflirid d e fe nourrir de chair, .elle a même
réduit à un âflèz petit nombre d’individus ces :elpècts
voraces & carbacières, tandis quelle a multiplié .bien
plus abondamment, & les cfjtècts & lis individus de
ceux qui fe nourriflènt de plantes;, &■ que' dans, les
végétaux, elle femble avoir prodigué les1: efpèces, &
répandu dans chacune avec profulion le nombre & la
fécondité. iL’homme :a peut-étrènbeaueoiip. contribué à
féconder fies vues-, ;à mâintehira^-oeême-. à'-établir déî:
ordre fur la terre; car dans la mer; on retrouve; cette
indifférence que nous iiippofions-, toutes les; efpèces
font prefq’ue également'yoràcesqéeliesuvivent fur elles-
mêmes; on fur lésa autres-, & siêntre-dévorent perpétuellement
dans jamais -fie détruire:, parce ’que- laféconditë
y eft auffi grande que:la déprédation,;& que prefque
toute la nourriture, toute; la confommation, tourne au
profit de la rëproduétion. ;
L ’honime: fait ufer en maître: d e là puiffance fur les
animaux, il a choift ceux dont la chair flatte fon goût,
il eir a fait des efclaves'domeftiques, il les a multipliés’
plus que la Nature ne Tauroirfait , il en a formé des
troupeaux! nombreux, & par les foins- qu’il prend de