D i s c o u r s
cette enveloppe que font les plus grandes différences.
Comparons, pour nous faire mieux entendre, le corps
de l’homme avec celui d’un animal, par exemple, avec
le corps du cheval, du boeuf, du cochon, &c. la partie
intérieure qui agit continuellement, c’eft-à-dire, le coeur
& les poumons, ou plus généralement les organes de
la circulation & de la refpiration, font à peu près les
mêmes dans l’homme & dans l’animal ; mais la partie
extérieure, l’enveloppe, eft fort différente. La charpente
du coqrs de l’animal, quoique compofée de parties fimi-
laires à celles du corps humain, varie prodigieufement
pour le nombre, la grandeur & la pofition; les os y font
plus ou moins alongés, plus ou moins accourcis, plus
ou moins arrondis, plus ou moins applatis, &c. leurs
extrémités font plus ou moins élevées, plus ou moins
cavées, plufieurs font foudés enfemble, il y en a meme
quelques-uns qui manquent abfolument, comme les clavicules
; il y en a d’autres qui font en plus grand nombre,
comme les cornets du nez, les vertèbres, les côtes, &c.
d’autres qui font en plus petit nombre, comme les os
du carpe , du métacarpe, du tarfe, du métatarfe, les
phalanges, &c. ce qui produit des différences très-con-
fidérables dans la forme du corps de ces animaux, relativement
à la forme du corps de l’homme.
D e plus, fi nous y faifons attention, nous verrons
que les plus grandes différences font aux extrémités,
& que c’eft par ces extrémités que le corps de l’homme
diffère le plus du corps de l’animal: car divifons
le corps en trois parties principales, le tronc, la tête
& les membres; la tête Sc les membres, qui font
les extrémités du corps, font ce qu’il y a de plus
différent dans l ’homme 6c dans l’animal: enfuite, en
confidérant les extrémités de chacune de ces trois parties
principales, nous reconnoîtrons que la plus grande
différence dans la partie du tronc fe trouve à l’extrémité
fupérieure & inférieure de cette partie, puifque
dans le corps de l’homme il y a des clavicules en haut,
au lieu que ces parties manquent dans la plufoart des
animaux : nous trouverons pareillement à l’extrémité
inférieure du tronc un certain nombre de vertébrés
extérieures qui forment une queue à l’animal; & ces
vertèbres extérieures manquent à cette extrémité inférieure
du corps de l’homme. De même l’extrémité
inférieure de la tête, les mâchoires, & l’extrémité
fupérieure de la tête, les os du front, diffèrent prodigieufement
dans l ’homme 6c dans l’animal : les mâchoires
dans la pfufpart des animaux font fort alongées,.
6c les os frontaux font au contraire fort raccourcis. Enfin,
en comparant les membres de l’animal avec ceux de
l’homme, nous reconnoîtrons encore aifément que
c ’efl par leurs extrémités qu’ils diffèrent le plus, rien
ne fe reffemblant moins au premier coup d’oeil que la
main humaine 6c le pied d’un cheval ou d’un boeuf.
En prenant donc le coeur pour centre dans la machine
animale, je vois que l’homme reffemble parfaitement
aux animaux par l’économie de cette partie &
Bi j