mais il profcrit formellement toutes fous-divifions tfe
genre, & fur-tout celles qui feraient déterminées par
des différences, & il foûtient que de telles divifions font
en partie forcées, & en partie abfolument impo/fibles,
& qu’en formant les différentes branches de la divifion,
on fépare, on écarte, on éloigne les unes des autres
des chofes qui cependant doivent toujours fe trouver
fous le même point de vue, par exemple, les oifeaux
font difperfes dans des genres oppofés, il fe rencontre
des animaux à plufieurs pieds dans le genre des animaux
terreflres, comme dans celui des aquatiques (hJ; d’ailleurs,
pour faire ces fous-divifions de genre, on eff obligé
d’employer des caraétères négatifs, par exemple, il y a
des animaux qui ont des pieds, d’autres n’en ont point, if
y en a qui ont des plumes, d’autres en font privés. Arif-
tote rejette ces caraétères de privation, parce qu’on ne
peut pas établir une différence fur une idée de privation,
& que ce qui n’efl pas , .ne peut pas avoir des efpèces;
leur rapport à ce genre ferait chimérique, puifque le
fondement de la relation ferait purement négatif ( i) .
ejficietur fane, ut feorsùm referre de
fmgulis, Ù* fubabfurdum fit, à? pro*
lixum. Ceeterum feite fortäffe age-
tur, fi quee ad généra, attinent, ea
commuai negotio explicemus-: vide lie et
quee reéle ab hominibus definita dieun-
tur, quoeque naturam fortiuntur com-
munem, ü* fpecies non longe inter
fe differentes compleftuntur, ut avis,
ut pifeis, & f quid aliud fit, nomine
quidem vacans,fed genere pari modo
fpecies continens. Quee autem non
ejufmodi funt, heec fingillatim docea-
mus: ut de homine, & fi quid aliud
tale habeatur. De part. Anim. üb. i,
cap. 4.
) (k) Idem,.cap. 2.
( i) At priyationis, qua privatio
Ces
Ces principes font bien dignes du philolophe qui
les a donnés, & prouvent affez que ce grand homme
avoit autant d’élévation de génie que d’étendue de con-
noiflànces ; mais, pour bien comprendre la vérité de ces
principes, il faut réfléchir fur l’idée que nous préfente
une divifion d’animaux établie fur deux caraétères, dont
l ’un efl pofitif & l’autre négatif. Pour faire cet examen,
reprenons l’exemple que nous donne Ariflote, & fup-
pofons que l’on divife les animaux en deux claffes, dont
l ’une comprenne ceux qui ont des pieds ou des plumes,
& l’autre ceux qui n’ont point de pieds ou point de
plumes. La première claffe étant déterminée par un
çaraétère pofitif, nous donne une idée claire & diftinéte
en nous repréfentant les animaux qui ont des pieds ou
des plumes; mais la fécondé n'étant fondée que fur un
çaraétère négatif, nous n’en tirons qu’une idée vague
& indéterminée, nous n’imaginons qu’une privation de
pieds ou de plumes, & nous n’apercevons d’abord aucun
etre reel qui fixe notre attention; car on ne peut pas
conclurre que, parce qu un animal n’aura ni pieds ni
plumes, il doive etre tel ou tel animal. Pour porter ce
jugement, il faudrait néceflairement multiplier les caractères
négatifs jufqu’au point de déterminer Vobjet par
voie d’exclufion, ce qui ferait le plus fouvent fort long
& fort difficile : il vaut bien mieux admettre un caraélère
efl, nulla efi differentia; non enim fieri potejl ut fpecies ejus fit quoi
non ejf, velut impedati, aut impem/ati, Jicut pennati & pedati. De part,
Apim. lib. 1 , cap. j . • r
Tome IV . T