répugnance , l’animal fera rtéceflâirement déterminé à
faire un mouvement polir lâtisfaire cet appétit ; & fi le
nombre Où la force des images d ’appétit font égaux au
nombre ou à la force des images de répugnance, l’animal
ne fera pas déterminé, il demeurera en équilibre
entre ces deux puifiances égales, & il ne fera aucun
mouvement, ni pour atteindre, ni pour éviter. Je dis
que ceci fe fera méchaniquement St fins que là mémoire
y ait aucune part; car l’animal voyant èrt même temps
toutes les images, elles agiffént par confequent toutes
en même temps : celles qui font relatives à l’appétit fe
réunifient & s’oppofent à celles qui font relatives à la
répugnance, St c’eft par la prépondérance, ou pluftôt
par l’excès de la force St du nombre des unes ou des
autres, que l’animal feroit dans cette fuppofition nécef-
iàiretnent déterminé à agir de telle ou telle façon.
Ceci nous fait voir que dans l ’animal le fens intérieur
ne diffère des fens extérieurs que par Cette propriété
qu’a 1e fens intérieur dè conferver les ébranlemens, les
impreflîons qu’il a reçues ; cette propriété feule eft fuf-
fifante pour expliquer toutes les a étions des animaux St
nous donner quelque idée de ce qui fe paffe dans leur
intérieur; elle peut auffi fervir à démontrer la différence
effentielle & infinie qui doit fe trouver entre eux St
nous, 8t en même temps à nous faire reconnoître ce
que nous avons de commun avec eux.
Les animaux ont les fens excellons, cependant ifs ne
les ont pas généralement tous auffi bons que l’hommç,
SUR LA NATURE DES ANIMAUX. 31
St il faut ofoferver que les degrés d’excellence des fens
fuivent dans l ’animal un autre ordre que dans l’homme.
Le fens le plus relatif à la penfée & à la connoiffànce
efl le toucher; l’homme, comme nous l’avons prouvé*,
a ce fens plus parfait que les animaux. L ’odorat eft le
fens le plus relatif à i’inftinéi, à l’appétit; l ’animal 3 ce
fens infiniment meilleur que l’homme : auffi l’homme
doit plus connoître qu’appéter, St l’animal doit plus
appéter que connoître. Dans l’homme, le premier des
fens pour l ’excellence eft le toucher, & l’odorat eft le
dernier; dans 1 animal, 1 odorat eft le premier des fens,.
& le toucher eft le dernier ; cette différence eft relative
a la nature de 1 un de L autre. Le fens de la vue ne'
peut avoir de ffireté, & ne peut fervir à la connoiffànce
que par le fecours du fens du toucher; auffi le fens de
la vue eft-il plus imparfait, ou pluftôt acquiert moins dé
pcrfeélion dans l’animal que dans l’homme. L ’oreille,
quoique peut-être auffi-bien conformée dans l’animal
que dans 1 homme, lui eft cependant beaucoup moins
utile par le défaut dé la parole, qui dans l ’homme eft
une dépendance du fens- de l’ouïe , un organe de communication
, organe qui rend ce fens aétif, au lieu que
dans 1 animal l ’ouïe eft un fens prefque entièrement
paffif. L ’homme a donc le toucher , l’oeil & l ’oreille
plus parfaits , St l’odorat plus imparfait que l ’animal ; &
comme le goût eft un odorat intérieur , St qu’il eft'
* Toyez le traité des Sens, voL m de cette Hiftbjre Naturelle,,
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