defcription foit conforme à fon fujet. Cependant il y a
quelques règles générales que l’on pourroit appliquer
à toutes les defcriptions, parce que les organes font
les mêmes dans tous les hommes, quoique les objets
fur lefquels ils les exercent foient difïërens: au premier
coup d’oeil que nous jetons fur une chofe, nous en
apercevons l’enfemble & la totalité avant que d’en dif-
tinguer les parties; ainli dans la defcription d’un animal
on ne peut fe difpenfer de fuivre l’ordre naturel, qui
eft de commencer par exprimer la figure totale de
l ’animal avant que de détailler les parties de fon corps ;
on doit aulfi décrire l’extérieur avant de palfer à l’intérieur,
&c. & toujours defcendre du général au particulier.
Mais cette figure totale, cet enlèmble & cette
defcription de l ’extérieur peuvent être exprimés de bien
des façons différentes, c ’eft là l’exprelfion de la chofe,
qui doit varier dans les différens objets à proportion
de la différence qui eft entre eux. Que l’on compare
un cheval & un cochon, un cerf & un rhinocéros, on
verra aifément que le premier coup de pinceau ne doit
pas être le même pour les uns & pour les autres.
Les êtres animés paffent de l’état de repos à l’état
de mouvement, & exigent par ce changement deux
parties dans leur defcription : il faut toujours commencer
par décrire un animal dans l’état de repos, c’eft
le fondement de la defcription de l’état de mouvement
, parce que dans celui-ci on n’aperçoit plus allez
diftinélement les différentes parties du corps, on n’en
voit que le déplacement, & on a encore affez de
peine à reconnoître là fucceffion des mouvemens &
des attitudes; mais chaque animal doit être décrit différemment
dans l’état de mouvement comme dans l ’état
de repos, puifque la force & la fuite des mouvemens
varient dans les différentes efpèces d'animaux, comme la
figure des parties de leur corps. La defcription de l’animal,
confidéré dans l’état de repos, renferme l’expofi-
tion de toutes les parties du corps, & l’expreftion de
l ’enfemble de la figure totale; ce doit être un portrait,
dans lequel on reconnoiffe l’habitude du corps & les
traits de l’animal : la defcription du même aniinal, vu
dans l’état de mouvement, devient un tableau d’hijlôire
qui le repréfente dans les différentes attitudes qui lui
font propres, & dans tous les degrés de mouvement
auxquels il fe livre par fon penchant naturel, lorfqu’il
eft excité par fes béfoins ou agité par fes paffions. Pour
faire voir combien ces deux defcriptions font néceffaires
& combien elles diffèrent l’une de l’autre, fuppofons
que dans un tableau on repréfente, par exemple, un
lion arrêté fur fes quatre pattes, la tête baiffée, l’oeil
tranquille, la crinière pendante Si la queue traînante; St
que dans un autre tableau le même lion paroiffe rugi flan t
de colère, la tête levée, l’oeil hagard, la gueule écu-
mante, la queue menaçante, les pattes fendues, les
griffes déployées, & tout le corps dans une attitude
violente; reconnoîtrions-notis dans ces deux tableaux
le même animal, fi on né nous avoit donné l’idée du H