attend plus tard il devient indocile, & fouvént indomptable;
la patience, la douceur, & même les careffes,
font les feuls moyens qu’il faut employer, la force &
les mauvais traitemens ne ferviroient qu a le rebuter
pour toujours ; il faut donc lui frotter le corps, le
careffer, lui donner de temps en temps d e .l’orge
bouilli, des fèves concalfées,& d’autres nourritures de
cette efpèce, dont il eft le plus friand, toutes melees
de fel qu’il aime beaucoup ; en même temps on lui
liera fouvent les cornes, quelques jours après on le
mettra au joug, & on lui fera traîner la charrue avec
un autre boeuf de même taille, & qui fera tout dreffe,
on aura foin de les attacher enfemble a la mangeoire,
de les mener de même au pâturage , afin qu ils fe
connoiffent & s’habituent à n’avoir que des mouve-
mens communs, & l’on n’employera jamais 1 eguillon
dans les commencemens, il ne ferviroit qu a le rendre
plus intraitable; il faudra auffi le.ménager & ne le faire
travailler qu’à petites reprifes, car il fe fatigue beaucoup
tant qu’il n’eft pas tout à fait dreffé, & par .la meme
raifon, on le nourrira plus largement alors que dans les
autres temps.
Le boeuf ne doit fervir que depuis trois ans jufqu a
dix, on fera bien de le tirer alors de la charrue pour
l’engraiffer & le vendre, la chair en fera meilleure
que fi l’on attendoit plus long-temps. On connoît l’âge
de cet animal par les dents &■ par les cornes : les premières
dents du devant tombent à dix mois, & font
remplacées par d’autres qui ne font pas fi blanches &
qui font plus larges; à feize mois les dents voifines de
celles du milieu tombent & font auffi remplacées par
d’autres, & à trois ans toutes les dents incifives font
renouvelées, elles font alors égales, longues & affez
blanches; à mefure que le boeuf avance en âge elles
s’ufent & deviennent inégales & noires : c ’efl la même
chofe pour le taureau & pour la vache, ainfi la caflration
ni le sèxe ne changent rien à la crue & à la chute des
dents; cela ne change rien non plus à la chute des
cornes, car elles tombent également à trois ans au
taureau, au boeuf & à la vache, & elles font remplacées
par d’autres cornes qui, comme les fécondés dents, ne
tombent plus ; celles du boeuf & de la vache deviennent
feulement plus greffes & plus longues que celles du
taureau. L ’accroiffement de ces fécondés cornes ne fe
fait pas d’une manière uniforme & par un développement
égal; la première année, c’efl:-à-dire, la quatrième
année de l’âge du boeuf, il lui pouffe deux petites cornes
pointues, nettes, unies & terminées vers la tête par
une efpèce de bourrelet, l’année fuivante ce bourrelet
s’éloigne de la tête, pouffé par un cylindre de corne
qui fe forme & qui fe termine auffi par un autre bourrelet,
& ainfi de fuite, car tant que l ’animal vit les
cornes croiffent; ces bourrelets deviennent des noeuds
annulaires, qu’il efl aifé de diftinguer dans la corne, &
par lefquels l’âge fe peut aifément compter, en prenant
pour trois ans la pointe de la corne jufqu’au premier
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