tirer de la multiplicité des méthodes de nomenclature,
eft d’avancer les defcriptions, parce que plus on fait
de méthodes, dans ce genre plus on décrit de parties.
En effet, lorfque les nomenclateurs auront épuifé
toutes les parties de leur objet à force de nouvelles
méthodes, faute de refiources ils défefpéreront fans
doute de pouvoir trouver le iyftème de la Nature, &
il faut efpérer qu’ils s’en dédommageront en profitant
des débris de leurs propres fÿftèmes, & en les réunifiant
fur un même plan pour compléter la defcription
totale.
Les anatomiftes, trop long-temps occupés à détailler
toutes les parties du corps humain, font enfin parvenus
à épuifer leur objet; n’y ayant plus de chofes importantes
à décrire, ils fe font jetés dans des difeufiions
frivoles ; ils ont employé plus d’adreffe & de fàgacité-,
pour apercevoir des chofes imperceptibles, qu’il n’en
aurait fallu pour faire des découvertes réelles. C e défaut
de conduite vient d’une erreur qui a prévalu; on
a cru qu’il fuffifoit d’obferver le corps humain pour
découvrir tous fes organes, & on a négligé toutes les
lumières que l’on pouvoit tirer de l’obfervation du
corps des animaux: c’étoit mal raifonner, ou pluflôt
.on n’avait pas raifonné fur cette matière, on s’étoit
.contenté de regarder fans chercher la bonne façon
de voir. Lorfque nous examinons les productions de
ia Nature, nous rencontrons fouvent des nuages fi
obfcurs, que nous ne pouvons les diffiper qu’en
empruntant des lumières de toutes parts, & en les tirant
de la variété de fes ouvrages, pour tâcher de les con.-
noître en les comparant les uns aux autres. Lorfqu’on
n’examine que le corps de l’homme,. on ne peut avoir
idée que des organes qui y font fenfibles ; mais lorfque
l ’on compare le corps de l ’homme au corps des animaux,
on juge des organes qui font cachés dans l’homme, par
ceux du même genre qui font apparens dans les animaux.
Cette voie de comparaifon & d’induétion nous
conduit à des termes que nous n’aurions jamais pu,
apercevoir par l’examen d ’un feul objet..
Il s’eft trouvé parmi les anatomifles des obfervateurs
qui ont fenti la néceflité de comparer les. différens
animaux pour parvenir à la connoiffance de l’économie
animale, 6c ils- ont donné à ces recherches le nom
d’anatomie comparée. On a décrit dans cette vue
plufieurs efpèces d’animaux * , mais il manque dans la
plufpart de ces defcriptions runiformité du plan, fans-
laquelle toute defcription eft prefque inutile pour l ’anatomie
comparée. Chacun a décrit fon objet par l ’endroit
qui l’a le plus frappé, & n’a confidéré que l’objet
meme, fans, fe foucier de la comparaifon que l ’on en
pourrait faire avec d’autres objets du même genre, de
forte que dans, la defcription de certains animaux il y a
des. parties qui font très-amplement détaillées, tandis.
* Voyez; lès Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, lés.
Ephémérides des curieux de là Nature, ies Traniaétions.philofophiques,,
ks recueils de Berlin, de Copenhague, de Leiplrck, &c.
R iij