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du cheval efl donc communaux Nègres 6c aux Arabes,
il fe retrouve en Tartarie, 6c même à la Chine (p).
Les chevaux Chinois ne valent pas mieux que ceux des
Indes ( q ) , ils font foibles, lâches, mal faits, 6c fort
petits; ceux de la Corée n’ont que trois pieds de hauteur:
à la Chine prefque tous les chevaux font hongres,
6c ils font fi timides, qu’on ne peut s’en fervir à la
guerre; aufh peut-on dire que ce font les chevaux
Tartares qui ont fait la conquête de là Chine: ces chevaux
font très-propres pour la guerre, quoique communément
ils ne foient que de taille médiocre, ils font
forts, vigoureux , fiers, ardens , légers 6c grands cou -
reurs’; ils ont la corne du pied fort dure, mais trop
étroite, la tête fort légère, mais trop petite, l’encolure
longue & roide, les jambes trop hautes; avec tous ces
défauts ils peuvent paffer pour de très-bons chevaux,
ils font infatigables 6c courent d’une vîteffe extrême. Les
Tartares vivent avec leurs chevaux à peu près comme
les Arabes, ils les font monter dès l’âge de fept ou
huit mois par de jeunes enfans, qui les promènent 6c
les font courir à petites reprifes; ils les dreffent ainfi
peu à peu, 6c leur font foufirir de grandes diètes, mais
ils ne les montent pour aller en courfe que quand ils
(pj Voyez le voyage de M. le Gentil. Paris, i 72 7 , t. II, p> 24»
/cj) Voy. les anciennes relations des Indes & delà Chine, traduites
die T Arabe. Paris, 1 7 1 8, page 2 04; l’hiftoire générale des voyages,
tome VI, page 492 & y3 y, i’hift. de la conquête de la Chine,
par Palafox. Paris, 1 67.0, page 426,
ont fix ou fept ans, 6c ils leur font fupporter alors des
fatigues incroyables (r), comme de marcher deux ou trois
jours fans s’arrêter, d’en paffer quatre ou cinq fans autre
nourriture qu’une poignée d’herbe de huit heures en huit
heures, 6c d’être en même temps vingt-quatre heures
fans boire, 6cc. ces chevaux, qui paroiffent, 6c qui
font en effet fi robuffes dans leur pays, dépériffent dès
qu’on les tranfporte à la Chine 6c aux Indes, mais ils
reuffiffent affez en Perfe 6c en Turquie. Les petits Tartares
ont auffi une race de petits chevaux dont ils font
tant de cas , qu’ils ne fè permettent jamais de les vendre
à des étrangers : ces chevaux ont toutc-s les bonnes*
& mauvaifes qualités de ceux de la grande Tartarie, ce
qui prouve combien les mêmes moeurs 6c la même
éducation donnent le même naturel 6c fa même habi tude
à ces animaux. Il y a auffi en Circaffie 6c en
Mingrélie beaucoup de chevaux qui font même plus»
beaux que les chevaux Tartares ; on trouve encore
d’affez beaux chevaux en Ukraine, en Vaîacbie, en Pologne
6c en Suède, mais nous n’avons pas d’obfcrvations
particulières de leurs qualités 6c de leurs défauts.
Maintenant, fi l’on confulte les anciens fur 1a nature
6c les qualités des chevaux des. différens pays, on trouvera
( f ) que les chevaux de Grèce, 6c fur-tout ceux de
(r) Voyez Palafox, page 4 2 7; le recueil des voyag. du Nord. Rouetrj,
ir / 1 (I, tome III, page 1 y 6; Tavernier, tome I, page j-y a & fuiv*
hift. ge'n. des voyag. tome VI, page 603, & tome VII, page 2 1^ .
C f J Voy. Aidrovand. Hilt. Nat. de ioliged. page y. 8 — 63,.-