gravé , probablement d’après un globe européen
, et plusieurs cartes manuscrites des
possessions du Japon; il nous les montra plusieurs
fois , en nous donnant des explications
sur tous les objets pour lesquels nous lui en
demandions, et ajoutant ses propres observations
sur les lieux qui lui étoient connus. Je
reviendrai là-dessus une autre fois.
La plus grande importunité des Japonois,
tant officiers que soldats, qui nous gardoient,
et surtout de ceux-ci, étoit de nous accabler
de demandes pour écrire quelque chose
sur leurs éventails et sur des feuilles de papier;
mais comme ils- s’y prenoient toujours très-
honnêtement et qu’ils ne mapquoient pas de
nous en remercier par de très-profonds saluts,
nous ne les refusions jamais. Cette besogne ennuyeuse
tomboit surtout à chargea MM. Moor
et Chlebnikoff, parce q u’ils avoient un caractère
d’écriture net et agréable à l’oeil. M. Moor
remplit de son écriture, pour un des soldats,
plus de soixante-dix feuilles de papier, ce qui
nous fit conjecturer qu’ils trafiquoient de ces
morceaux de papier é crits , comme d’objets
propres à être conservés dans des cabinets de
curiosité ; car les Japonois sont de grands amateurs
de choses curieuses , et c’est chez eux
une véritable passion que le soin d’en former.
Chacun de nos soldats nous montra quelque
chose qu’il regardoit comme une curiosité.
Les uns conservoient, dans plusieurs morceaux
de papier, des couteaux queleur avoient
donnés des matelots de Laxmann ; d’autres
gardoient tout aussi soigneusement des morceaux
de nos monnoies de cuivre et des boutons
de métal ; des coquillages , des cailloux
et autres objets semblables.
Le plus désagréable étoit d’écrire quelque
chose pour les officiers, parce qu’ils vouloient
toujours savoir ce que cela signifioit. Dès que
nous le leur avions traduit, ils couroient à
M. Chlebnikoff pour comparer sa traduction
à la nôtre, et connoître la vérité. Si M. Chlebnikoff
écrivoit, le même motif les faisoit ac-
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courir à nous. Cette manoeuvre mit un jour
M. Chlebnikoff dans un assez grand embarras.
Un officier me prioit, pour la troisième fois^
de lui écrire^ quelque chose en russe. Dans
mon dépit, j’écrivis ce qui suit : ce Si, un jour
«c à venir, des Russes viennent dans ce lieu ,
« non pas comme prisonniers, mais libres et
cc armés, qu’ils sachent que les Japonois ont,
« par la plus honteuse des supercheries, fait
« prisonniers sept de leurs compatriotes, les