bouche de plusieurs autres Japonois. J’aurai
occasion d’en parler ailleurs.
Depuis que nous eûmes fait connoissance
avec ce géomètre, nous sûmes qu’il étoit
renommé chez ses compatriotes, non seulement
comme un savant, mais encore comme
un guerrier distingué. A l’attaque de Chvos-
toff, il se trouvoit sur l’île d’itouroup et se
retira dans les montagnes avec ses compagnons.
Par bonheur, une balle l ’attrapa dans
une partie molle, et il n’en résulta pour lui
aucun accident. Cette blessûre lui valut
pourtant un grade et une pension. Il répé-
toit souvent qu’après les attaques de Chvos-
toff, les Japonois a.voient voulu envoyer
trois batimens à Ochotsk pour détruire cette
ville. Nous lui rîmes au nez, en regrettant beaucoup
que les Japonois n’en eussent pu trouv
e r le chemin; car alors il auroit mieux valu
q uau lieu de trois batimens, ils en eussent
expédié trentre ou trois cents, parce qu’il
n’en seroit pas revenu un seul. Cette ré flexion
le piqua v iv em en t, et ' il jura
que les Japonois ne se battoient pas plus
mal que toute autre nation. Il est bon à
c e sujet d’observer que c’étoit le premier
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Japonois que nous eussions entendu se vanter
de ses connoissances dans l’art militaire et
menacer notre pays : voilà pourquoi nous
nous m oq u âm e s de lu i et de ses compatriotes.
Indépendamment de la latitude d’un lieu
qu’il savoit trouver par la hauteur du soleil,
il avoit aussi entendu dire que l ’on pouvoit
déterminer sa longitude par les distances lu naires
, ou par les- distances des étoiles au
soleil; il voulut donc que nous le missions
au fait de cette méthode ; mais nous refusâmes
de nous prêter à ses désirs, parce que
nous n’avions ni tables ni éphémérides, et
qu’en outre nos interprètes avoient de la
peine à expliquer les choses les plus communes.
Notre refus mit ce Japonois de très-
mauvaise humeur; il menaça que bientôt il
arriveroit de la capitale des interprètes h o l-
landois et des savans Japonois pour nous
demander des éclaircisse mens* sur quelques
points relatifs aux sciences, et que l ’on nous
contraindroit bien à répondre.
Cette nouvelle n’étoit pas du tout consolante,
car il paroissoit que les Japonois vou-
loient employer la violence pour nous rendre
leurs instituteurs. M. Moor avoit déjà volontairement
offert ses services à cet effet ÿ il