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venir à bord, pourvu que les Japonois ne s’y
opposassent pas, et qu’il n’en résultât pour
eux-mêmes aucun désagrément. Je leur recommandai
aussi de bien convaincre les Japonois
de nos intentions amicales en vers eux,
et de notre éloignement de tout projet hostile,
Nos Kouriles leur répétèrent mes paroles ;
mais je ne suis pas sûr qu’ils les aient fidèlement
traduites. La réponse fut que les Japo-
nois nous craignoient, et ne croyoient pas
que nous fussions venus cbez eux dans de
bonnes vues; ils soupçonnoient, au con-
tiaire , que lions songions à faire comme les
bâtimens de la compagnie. Souhaitant eu
apprendre davantage sur ce sujet, j ’engageai
les Kouriles de s?ëntretenir avec les Japonois,
de s efforcer de bien connoître ce*
qu ils pensaient de nous, et de venir nous
trouver. •
A sept heures du soir, nous arrivâmes a
bord;les Kouriles y vinrent une heure après,
ils étoientau nombre de cinq: deux hommes,
deux femmes, et une petite fille de quatre
ans. Les hommes parloient assez passablement
le russe, pour que nous pussions nous faire
comprendre sans beaucoup de peine. Us nous
apportèrent la lettre du chef japonois adressée
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au commandant d’Ourbitsch, et nous assurèrent
qu’il lui ànnonçoit que nous n’étions
pas venus dans de mauvais desseins : ils ajoutèrent
qu’aussitôt que nous étions partis du
village, les Japonois avoient expédié un ba'ï-
dar à Ourbitsch pour y. porter la même nouve
lle ; nous l ’avions vu en effet mettre à la
voile» La lettre étoit écrite sur du papier
blanc épais, et pliée dans une enveloppe
longue de six pouces et demi, et large de
deux un quart ; à un des côtés de celle-ci étoit
colle un morceau de papier triangulaire;l’angle
supérieur, long d’un demi-pouce , étoit ployé
sur l’autre côté, où les autres se réunissoient
aussi. Tout en haut l’on voyoit un timbre en
encre noire. L ’adresse étoit écrite des deux
côtés;
Nos Kouriles nous dirent encore que les
Japonois ne pou voient pas s’imaginer que
nous fussions venus dans un autre dessein
que celui de les p ille r , et ils appuyoient
leurs soupçons sur l ’exemple des bâtimens
de la compagnie; En parlant de ces actes de
violence, ils répétaient toujours : « Les Russes
nous ont attaques sans motif; ils ont tué beaucoup
de mon de,emmené quel ques prisonniers,
saccagé et brûlé tout ce que nous avions; ils.