d’apprendre les bonnes dispositions des Russes
à leur égard. Leur ayant demandé s’ils avoient
été satisfaits du paiement que nous avions
laissé pour les objets que nous avions pris
dans le village de pêcheurs, ils répartirent
qu’ils regardoient comme une bagatelle ce que
nous avions emporté, et qu’ils pënsoient que
nous en avions payé plus que la valeur. Ils
m assurèrent encore que le commandant nous
fourniroit de tout ce qu’il avoit, et s’informèrent
de ce dont nous avions encore besoin.
Je demandai dix sacs de r iz , du poisson frais
et des herbages, et je leur offris en paiement
la quantité de piastres qu’ils fîxeroient. Ils
ni engagèrent a aller moi-même à terre, afin
de parler au commandant de la ville. Je remis
la partie au lendemain, quand la corvette se-
roit plus près du fort. Conformément à ma’
promesse, j avois apporté du tabac à Kousma;
mais les Kouriles n’oserent pas le prendre
sans la permission de l ’officier japonois, qui
ne voulut pas la leur accorder. Je souhaitois
beaucoup m’entretenir avec lui sur plusieurs
autres objets j mais Alexis ayant reconn u
dans leur canot quelques-uns de ses amis, ne
cessoit de jaser avec e u x , au lieu de rendre
mes questions aux Japonois.
Quand nous nous fumes quittés, Alexis rne
raconta ce que ses amis lui avoient dit. À l’apparition
de notre corvette, les Japonois furent
en proie aux plus vives alarmes. Persuadés
que nous allions les attaquer à l’instant, ils
emportèrent à la hâte tous leurs effets dans les
forêts. Nous les avions nous-mêmes aperçus
conduisant des chevaux chargés vers les
montagnes. Ils n’avoient tiré sur notre fré-
gate que par crainte ; quand nos canots allèrent
au village de pêcheurs, ils furent persuadés
que c’étoit pour le piller et le brûler : mais
lorsque nous nous fumes rembarqués, et qu’ils
eurent retrouvé tout en ordre dans les maisons
, leur joie fut extrême, et leurs inquiétudes
se calmèrent entièrement. J’ajoutai
d’autant plus de foi à ce récit des K o u r ile s ,
sur la peur qui avoit excité les Japonois à
tirer sur nous, qu’ils s’étoient peut-être imaginé
que nous avions caché du monde dans
le fond de notre canot; il étoit, à la v é r ité ,
trop petit pour cela, mais la frayeur leur
avoit troublé la vue. Comment eussent-ils
pu., sans cela, faire feu sur une poignée de
gens qui venaient en quelque sorte s’offrir à
eux ? Ils n’avoient besoin que de nous attendre
sur le rivage, et pops tombions en