rière lu i, et celui qui porloit le sabre le déposa
sur Je tapis à gauche du bounio. Aussitôt
après tous les Japonois présens témoignèrent
à la fois leur respect, en appuyant leurs
mains sur le pfancher, et baissant tellement
la tete, que leur front touchoit presque au
tapis. Ils restèrent quelques secondes dans cette
position. Le bounio leur répondit en se courbant
assez profondément , et appliquant ses
mains sur ses genoux. Nous lui fîmes un salut
a 1 européenne j il nous le rendit par un signe
de tète, qu’il accompagna d’un sourire; enfin
il eut l’air de vouloir nous prouver ses intentions
bienveillantes. Ensuite il tira de son
sein un cahier de papier, y jeta les y e u x , et
nous appela chacun par notre nom, d’après
notre rang; nous répondîmes par une inclination
qu il nous rendit. Alors il adressa la
parole à Heinské, le domestique, qui toucha
la terre de son front, et l’écouta dans cette
posture. Le bounio ayant cessé de parler,
Heinske se leva , et se mit a nous interpréter
ce qu’il venoil d’entendre ; mais il s’y prit
d une manière tout-à-fait inintelligible. Voici
comrne il »s’exprima : « T u es un homme, je
suis un homme, un autre est »un homme, dis-
cc moi quel homme? » .Nous l’invitâmes à
ne pas tromper son chef, mais plutôt à lui
avouer sincèrement qu’il n’entendoit rien à
la besogne dont il avoit youlu se charger;
ajoutant que, dansle cas contraire,il pourroit
un jour s’en repentir. Il prêta une oreille
très-attentive à notre discours, et l’interpréta
an bounio, comme nous l’avions prononcé ;
avant de parler, il reprit la position qu’il
venoit de quitter. Les Japonois écrivirent ce
qu’il disoit (i);uneseconde question suivit la
première. L ’audace et l’effronterie d’Heinské
nous firent perdre toute mesure; nous déclarâmes
positivement que nous ne voulions
plus répondre à rien , afin que cet imposteur
ne pût pas nous nuire par des réponses inventées
à plaisir. Mais Heinské qui ne com-
prenoit pas ce que nous disions, ne se laissa
pus démonter; il répondit pour nous.Les Japonois
écrivirent: une troisième question
nous fut adressée; alors nous tournant vers
Alexis et Koumaddjero, nous les sommâmes
de faire connoître au bounio comment les
choses se passoient; mais ils n’osèrent pas
dire un mot. Nous résolûmes donc de garder
(1) I l n’y avoit pas ici de secrétaires d’ôSice comme à
Chnkodade; nos réponses étoient écrites par deux, officiers,
assis i’ua à la droite, l’autre' à la gauche du bounio.