éprouver quelque part un sort égal au notre,
lu i inspiroit pour nous plus de compassion et
de soins qu’aux autres officiers^
Mais en compensation de tous ces agrémens,
nous apprîmes une nouvelle qui faillit à nous
plonger de nouveau dans le désespoir. Le 5i
aoû t, dans la matinée, à la visite ordinaire
des officiers de jour, du médecin et de l’interprète
, ce dernier dit à M. Moôr quelque
chose que je ne pus pas comprendre, et lu i
remit un papier. M. Moor lut ce papier, fit
semblant d’en rire, et dit que c’éloit une supercherie
; mais d’une vo ix entrecoupée
par la frayeur et le trouble il s’écria, en s’adressant
à moi : « Vasili Mrchailovitsch,
« écoutez : » puis il lu^ce qui suit :
N.° 5.
L’an 18o 5 et le d’octobre, je soussigné,
Chvostoff, lieutenant de la flotte et commandant
la frégate la Junon, en signe de la prise
de possession de l’île de Saghalien et de ses
habitans, sous la protection bienveillante de
S. M. Alexandre I.er, empereur de Russie,
ai distribué , au plus ancien du village de la
«ôte ouest de, la baie d’A n iv a , une médaille
( 207 )
d’argent, avec le ruban de l’ordre de Saint-
Vladimir. Je prie tout bâtiment, tant russe
qu’étranger, qui abordera dans ce lie u , de
considérer cet ancien comme un sujet russe.
Signé , le lieutenant de là flotte russe,
Chvostoff.
En foi de quoi, j’ai apposé pour sceau les
armes de ma famille. ( L. S. )
Chacun peut se représenter notre embarras.
Nous étoit-il possible de nous figurer que
les Japonois nous croiroient? Leur gouvernement
met unfe prudence et une circonspection
extrêmes dans toutes ses mesures, apporte
la plus grande ponctualité à leur exécution,
punit toutes les transgressions avec
sévérité, ou plutôt avec cruauté, et juge des
lois des autres états d’après les siennes. Pouvions
nous ,.par de simples paroles, persuader
à ce gouvernement qu’un personnage aussi