le a3 septembre, Makaroff, qui étoit avec
m o i, fut remplacé par Schkaïeff. Celui-ci
m’apprit deux nouvelles : d’abord, queSima-
noff, par la négligence des Japonois, avoit
conservé un grand couteau, Ce dernier avoit
attaché avec une courroie ce couteau à la
boutonnière de sa jaquette; usage pratiqué
communément par les matelots, afin de ne
pas perdre cet instrument quand ils grimpent
aux mâts. La jaquette , qui étoit au nombre
des effets envoyés par la corvette, avoit été
remise à Simanoff, quoique la courroie fût
visible. Nous fûmes très-etonnés de ce que
les Japonois, si curieux et si prévoyaris,
n’eussent pas aperçu cette courroie, et ne
l’eussent pas enlevée ; car ils poussoient les
précautions si loin, qu’ils ne vouloient pas
même nous confier des ciseaux pour nous
rogner les ongles; nous étions obligés d’alon-
gernos mains hors des barreaux, et les soldats
exécutoient cette opération. Enfin, ils nous
refusoient jusqu’à des aiguilles, et faisoient
raccommoder nos habits parles domestiques
placés auprès de nous. Je me réjouis beaucoup
de ce hasard , car j ’espérois qu’un jour
le couteau pourroit nous être utile. Je profitai
de la première occasion pour ordonner
à Simanoff de le garder aussi précieusement
qu’un trésor; ajoutant que si les Japonois
aperce voient la courroie, il leur dit qu’elle
lui servoit à attacher son chapeau pour l ’empêcher
d’être emporté par le vent. J’appris
encore que les soldats avoient dit entre eux
quelque chose de notre prochain départ pour
Mutsmaï, et que nos anciennes litières avoient
déjà été apportées dans la cour.; Le lendemain
matin, cette nouvelle fut confirmée par
les officiers ; ils nous annoncèrent officiellement
que nous pouvions nous tenir prêts à
partir.
Le soir, nous reçûmes chacun un manteau
de toile de coton vernissée, un chapeau de
paille à coins arrondis, une paire de bottes
japonoises, et des souliers de paille tels qu’on
les porte ici dans les voyages.
Le 26 septembre, dans la soirée, on nous
annonça que s il pe pleuvoit pas lelendemain,
nous nous mettrions en route. Le 27, au
point du jour , tout se prépara pour le
départ. Plusieurs officiers vinrent prendre
congé de nous en cérémonie. Iis entrèrent
chacun dans nos loges, et nous firent dire,
par l’interprète, qu’ils étoient venus pour
nous dire adieu^ et nous souhaiter une bonne