ment enveloppé de nuages épais. Tout ce que
l ’on a dit du temps que l’on éprouve dans
l ’Océan oriental, tendait donc à me convaincre
que les brumes sont habituelles à
cette mer, qu’elles y régnent fréquemment,
tous les mois sans exception, quelquefois
plus souvent dans les uns que dans les autres,
et que, dans aucune saison de l’année , le
temps n’est beau et serein durant une semaine.
Je voyois donc q u e , pour .visiter un espace
aussi étendu que celui que. portaient mes
ordres; j’uurois besoin d’un été tout entier,
depuis le commencement de mai jusqu’en
octobre. Il faut en outre, quand le vent le
permet, s’approcher de terre le plus qu’il est
possible, afin d’ôtre à même; aussitôt que la
brume se dissipe, et que le temps s’éclaircit,
de ranger la côte de très-près, autrement
on ne pourrait pas terminer cette recon-
noissance en trois ans. Toutes ces considérations
réunies me prbuvoient donc que je
devois commencer mes opérations le plus tôt
possible;
Voici le plan que je formai : je résolus de
faire route du Kamtschatka , directement
pour le détroit de là Nadeschda, situé entre
les îles Matoua etRaschaoua; je voulais rectifier
mon chronomètre d’après leur position,
au défaut d’observations de la lune (1). Je
voulois côtoyer ensuite les Kouriles méridionales;
commencer ma recpnnoissance par
l’île Kétoï que la Nadeschda n’avoit pas v u e ,
et la continuer île par île jusqu’à Matsmaï;
passer entre Itouroup et Matsmaï, et visiter
toute la côte nord de cette dernière île ju s qu’au
détroit de La Pérouse; puis , ayant en
vue la côte est de la presqu’île Saghalien, me
diriger sur le point situé sous le parallèle du
53° 38' , ou devoit commeqcer ma reconnoissance
de la côte de Tartarie, q u e j’espé-
rois, ainsi que celle des îlesSchantai*,pouvoir
terminer vers la fin de l’été. •
Ayant ainsi arrêté mon plan, je fis, sans
d élai, tout préparer pour mon départ; je profitai
du dégel pour me frayer ùn chemin à
travers la glace, e t, le 25 a v r il, je conduisis
G ) .L e capitaine Krusenstern vit ces îles de près, et
nomma P ic Sarytscheff le volcan qui se trouve sur
Matoùa. J’en conclus qu’il avoit déterminé la position
de cette île avec la plus grande exactitude. Or, si nous
eussions calculé sa longitude d’après notre chronomètre,
nous eussions pu ensuite, en lisant la relation de son
voyage, déterminer la différence des longitudes, en
supposant que nous n’eussiQns pas pu'faire d’observations
lunaires.