gnant d’être ivres , se retirèrent insensible-
ment; quand ils furent tous sortis, ils fer-*
jnèrenfc les portes, tuèrent, par des trous pratiqués
dans les murs, tous leurs hôtes, à coup»
de lances et de flèches j ensuite, leur ayant
coupé la tête, ils salèrent et envoyèrent à la
capitale ces trophées de»leur victoire.
Un récit de ce genre a de quoi faire frissonner
un homme en liberté. Quel sentiment
dut-il donc éveiller chez nous qui nous trouvions
au pouvoir de ce peuple capable d’une
eonduite aussi perfide et aussi atroce ! Le pauvre
Alexis s’excusa de ne pas nous avoir parlé
plus tôt de ce trait, sur ce qu’il craignoit qu’il
ne nous attristât, ajoutant qu’il pourroitnous
raconter bien d’autres actions semblables des
Japonois; mais qu’il remarquoit avec peine
que ce récit ne nous avoit pas beaucoup réjoui.
La naïveté de ce pauvre diable nous fit
r ire ; nous l ’invitâmes à parler hardiment,
puisqu’il nous avoit déjà révélé le fait le plus
important, et que le reste ne devoit consister
qu’en des bagatelles qhe la curiosité nous
inspiroit le désir de connoître. Alexis ne nous
comprit pas, et persista dans son opinion.
Cependant le mois dè février avoit commencé
; le nouvel an des Japonois étoit arrivé ; néanmoins
pas le mot de la maison où nous devions
aller. Nous crûmes que les Japonois, très-occupés
de fêtes, n’avoient pas le loisir de songer
à nous, et que nous ne pouvions pas attendre
l ’accomplissemént^de leur promesse avant le
milieu du mois. En effet, les Japonois célèbrent
le nouvel an pendant un mqis; mais la fête,
proprement dite , ne dure que depuis la nouvelle
lune jusqu’a la pleine lune suivante, par
conséquent deux semaines. Pendant tout ce
temps, les tribunaux sont fermés, les travaux
de tout genre sont suspendus, on ne s’occupe
que de visites et de bonne chère. Dans l’autre
moitié du mois, les personnes laborieuses se
remettent à l’ouvrage. Le nouvel an est la
principale fête du calendrier japonois. On se
donne, à cette occasion, des halfits neufs, et
l ’on fait de grands préparatifs comme chez
nous a Pâques. L ’usage veut que l’on rende
visite à toutes ses çonnoissances en v ille , et
que l ’on écrive des lettres de compliment et
de félicitations à celles qui sont éloignées;
Aussi, quelques jours avant la fête, nos in terprètes
et nos gardes écrivirent-ils leurs
cartes de visite et leurs lettres de compliment.
Sur les premières on inscrit le nom de la
personne qui la donne, celui de la personne
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