trop de crainte, quand on lui proposa par
signes de venir sur notre bâtiment. Je pensai
qu i! serait tres-imprudent de le retenir de
force. Il savoit à peine dix mots de russe. Ce
que je parvins a comprendre de sa pantomime,
c’est que le commandant de la ville
avoit le désir de se rencontrer avec moi en
canot, avec un nombre d’hommes égal à celui
que j aiirois, et vouloit me parler. Je témoignai
que j ’acceptois cette proposition avec
grand plaisir, et je laissai aller le pauvre Kou-
ïile , après lui avoir donné un cordon de ver*-
roteries ; ce présent le rendit plus hardi, et il
me demanda un peu de tabac. Je n’en avois
pas sur moi, mais je promis de lui en apporter.
Sur ces entrefaites, les Japonois avoient
placé un autre petit baril devant la forteresse,
mais si près des batteries, que,je regardai
comme une témérité d’aller le prendre. Personne
ne sortit du fort au-devant de moi ;
néanmoins on me fit signe, avec des éventails
blancs, que je pou vois venir à terre. Je pensai
donc que je n’avois pas bien compris le
Kourile ; mais à l’instant ou je voulois faire
retourner les canots à bord, un bateau partit
de terre,; et vint à nous avec un officier japonois
et un interprète kourile. Il y avoit dans
cette embarcation quatre hommes comme
d a n s la nôtre; nous étions tous bien armés:
ainsi nous n’avions pas sujet de les craindre.
La conversation commença du côté des Japonois,
par des excuses de ce qu’ils avoient
tiré sur moi lorsque j’allois à terre. Ils en
donnèrent pour motif leur défiancé de nous,
suite naturelle des violences commises quelques
années auparavant par deux bâtimens
russes, dont l’équipage étoit d’abord descendu
a terre sous les mêmes prétextes que nous.
Ils voyoient bien que notre conduite différoit
totalement de celle de nos compatriotes en
cette occasion; tous leurs soupçons, étoient
donc dissipés, et nous les voyions dans la disposition
de nous servir dans tout ce qui étoit
en leur pouvoir. Alexis leur déclara de ma
part que les bâtimens dont ils pari oient étoient
des navires marchands qui les avoient attaqués
en brigands et sans ordre de leur gouvernement,
et que les deux capitaines, morts
depuis cette époque, avoient été punis. J©
cherchai à les convaincre de la vérité de mes
discours, par les mêmes argumens que j’avois
employés à Itouroup. Ils me répondirent
qu’ils me croyoient, et qu’ils étoient contens