nom de jardin par les Japonois, quand ils
voulurent nous faire valoir les agrémens de
notre nouvelle habitation. Un bourbier dans
un coin de la cour fut décoré du nom d’étang,
et un tas de boue au milieu de cette flaque
d’eau devint une île (1). Une porte presque
toujours fermée conduisoit de cette cour ou
de ce jardin dans une autre division. On ne
Rouvrait que lorsque le commandant des
soldats du prince de Sangar ou un autre offi-
(1) Les Japonois sont de grands amateurs de jardins
et aiment beaucoup à imiter la nature. En nous promenant
dans la v ille , nous entrâmes dans plusieurs cours,
et nous trouvâmes dans presque toutes une flaque d’eau
plantée tout à l’entour d’arbres et d’arbustes; au milieu
s’élevoient deux à trois mottes de terre qui représen-
toient des îles; on y voyoitdes cailloux qui devoient être
des rochers et des montagnes, et sur quelques-unes des
buissons. Sur ces pièces d’eau voguoient de petits canots
d’une assez mauvaise construction. Voilà ce que nous
vîmes chez de pauvres gens dont toute la cour n’avoit que
quelques pas de tour. Les riches ont de beaux jardins.
Malgré les avantages de la position géographique de
Matsmaï, son climat, par des causes locales, est défavorable
au jardinage. D’après le récit des Japonois, il se
trouve, sur la grande île de Nipben, plusieurs jardins
superbes. Ils appartiennent aux princes et aux personnages
considérables qui mettent leur plus grand plaisir
à ce que le peuple s’y promène et en admire la beauté,
et la magnificence extraordinaires.
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cier visitoit notre cour, ou que l’on nous me-
noit promener. Au coucher du so le il, nos
gardes commençoient à faire la ronde toutes
les demi-heures. La porte de la seconde cour,
qui n’étoit fermée que la nuit, inenoit au
chemin le long du mur. Des barreauxdebois,
disposés dans la direction de la palissade du
milieu de la cour, séparaient notre maison en
deux, de sorte qu’une moitié donnoit dans
une cou r , et l’autre dans la seconde. Dans la
première moitié, il y avoit trois chambres
pour nous, séparées l ’une de l’autre par des
paravens. Dans l ’autre moitié, derrière les
barreaux, demeuraient les soldats et un officier
du prince de Sangar, chargés de nous
garder. Ils avoient la facilité de nous bien
observer, et même une porte conduisoit de
chez eux chez nous, mais elle étoit toujours
fermée. Outre leurs sabres et leurs poignards,
ces soldats étoient encore armés de fusils et
de flèches. L ’officier restoit presque toujours
assis près des barreaux, et vo yoit dans notre
chambre. Près de ce corps-de-garde,ilyavoit
une petite pièce où se tenoient deux soldats
impériaux qui étoient relevés à des intervalles
réglés; ceux-ci pouvoient voir également
tout ce qui se passoit chez nous. La porte qui