inspirer aux Japonois une haine implacable
contre les Russes, qui avoient été renvoyés
avec une réponse bien propre à leur faire
passer l’envie de revenir au Japon.
Voici comme nous avions appris ce fait. La
Diane avoit, en partant de Russie, relâché à
Portsmouth; nous y avions fait connoissance
avec M. Brown, agent des prises,' Celui-ci
ayant un jour entendu M. Ricord dire que
Resanoff etoit mort, reprit que c’étoit tant
mieux pour lu i , car l ’idée de s’être si débon-
naireineut laissé jouer parles Hollandois avoit
du singulièrement le tourmenter. M. Ricord
ayant prié M.Brown de s’expliquer plus clairement,
reçut cette réponse. «x Un bâtiment ho,1-
landois, allant deBatavia à Amsterdam, fut pria
p arle s Anglois et amené à Portsmoulh. On
trouva parmi ses papiers une lettre écrite par
le secrétaire du conseil de Batavia au gouverner
ment hollandois. Il y étoit question des Hollandois
qui se troüvoient à Nangasaki, et de
l ’ambassade de Resanoff. L ’écrivain ajoutoit
que leurs interpretes à Nangasaki avoient
réussi à faire tourner cette affaire en faveur
de son pays, et à inspireraux Japonois de telles
idées sur la Russie, que ceux-ci avoient congédié
Resanoff, avec une réponse qui devoit ôter
( )
auxRussesle désir d’aller au Japon. » A mon
arrivée au Kamtschatka, j’instruisis le gouvernement
de ce fait, et j’en fis part aussi au
commissaire de la compagnie russe d’Amérique,
afin qu’il là communiquât aux directeurs,
à qui cette découverte pouvoit être
avantageuse.
Les Japonois voulurent savoir pourquoi
nous ne leur avions pas révélé cette circonstance
plus tôt; nous répondîmes que nous
avions douté que l ’on voulût nous cfoire, et
qu’en outre nous ne savions pas que les Ja-
ponois mêleraient les Hollandois dans notre
affaire ; qu’à présent que nous en étions persuadés,
nous ne voulions pas fournir à ceux-
ci l’occasion de nous nuire une seconde fois,
a nous et aux Japonois. Nous racontâmes différentes
anecdotes concernant la conduite des
compagnies hollandoises des Indes orientales
et occidentales, et tendant à prouver à quel
point cette nation passe par dessus toutes les
règles de la loyauté , quand il s’agit d’affaires
de commerce. Nous en appelâmes au témoignage
d’un livre anglois, qui nous avoit été
envoyé, et dans lequel ¿la manière d’agir de
ces traficans étoit’ dépeinte assez en détail,
ét avec des couleurs qui ne peuvent qu’ins