queues d’aigle , vingt petits sacs ou une
robe de soie; pour trois queues d’aigle, une
zobe de coton doublée et ouatée; pour dix
ailes d’aigle, un rouleau de tabac en feuilles.
Les Kouriles aiment beaucoup le tabac ; la
plupart en maehent ; quelques-uns le prennent
en poudre; d’autres ont appris des Japonois
à le fumer, et font usage des mêmes
pipes.
Les ailes et les queues d’aigle servent aux
Japonois à garnir leurs flèches ; aussi sont-
elles cherés. Us font de même très-grand cas de
quelques marchandises d’Europe, qu’ils vendent
très-cher aux Kouriles; entre autres, du
drap rouge clair ou foncé, et d’autres couleu
rs ,, de la verroterie et du süccin (ambre
jaune), de la verrerie, des bottes,de la quincaillerie,
etc.
Le drap rouge clair leur sert à faire honneur
aux hôtes de distinction; ils en étalent
un morceau d une archine (aune russe ) carrée,
sur l ’endroit où cette personne doit s’asseoir.
Ils fon t des vêtemens avec des autres
draps; ils ornent de verroteries les coutures
de leurs bottes.
Alexis Maximovilsch, quand le cours de la
conversation mit le sujet en avant, ne s’ouvrit
pas avec moins de franchise sur l’industrie
des Kouriles et sur les ressources qu’elle
leur fournissoit pour vivre. 11 se plaignoitde
ce que le nombre des loutres diminuoit sans
cesse; certes on pouvoit l’en croire, et cette
assertion suflisoit seule pour ajouter foi à la
vérité de tout ce qu’il racontoit; car, dans les
îles Aléoutiennes et sur la côte d’Amérique,
occupée par les chasseurs de la compagnie, on
ne trouve plus ces animaux. La poursuite
et même la vue de l ’homme les ont effrayés;
ils se sont réfugiés plus au sud, dans les détroits
qui se trouvent entre les îles innom- *
brables de la côte nord-ouest d’Amérique.
En été, quand la mer est tranquille, et que
les Kouriles peuvent, sans danger, s’éloigner
de là côte, ils vont dans leurs baïdars attaquer
les loutres à coup de flèches ; eu h iv e r ,
ils les tuent le long de leurs côtes , ou bien
les prennent dans des filets qu’ils tendent
entre les rochers où ces animaux se tiennent.
Us chassent de trois manières les renards brun-
foncés , gris et rouges. S’ils se trouvent à
portée de ces animaux, ils les tirent avec une
carabine rayée. Ils les prennent aussi au piège,
comme au Kamtschatka; l’animal, attiré par
l’appât dont le piège est garni, n’y a pas plus