plus grande ^marque qu’ils pbuVoient, suivant
leur opinion,nous en donner, ¿toit sans
doute de ne pas nous tuer, et de vouloir nous
laisser languir dans une captivité aussi longue
que nôtre existence. Mais , je l ’avoue , l’idée
d’une prison perpétuelle m’étoit plus terrible
que la mort même. Cependant, comme l’espérance
sourit encore à l’homme sur le bord de
l ’âbîme, nous cherchions des consolations dans
les images agréables: qu’elle nous offroit. L ’occasion
de s’enfuir, nous disions-nous, ne peu t-
elle pas se présenter ?< Les Japonois, à qui le
voisinage de notre corvette cause encore
des inquiétudes, ne finiront-.ils pas par relâcher
nos liens, sans songer à quelle résolution
le désespoir peut porter? JNe pourrons-
nous pas trouver une circonstance favorable
pour nous échapper , nous emparer d’un bateau
, aborder à la côte de Tartarie , y raconter
que nous avons fait naufrage, et demander
que l ’on . nous envoie à Pékin, d’où il ne
nous sera pas difficile, avec le consentement
du gouvernement chinois, d’aller à Kiach\a?
Alors nous serons dans notre chère patrie !
Mais ces rêves charm an s, qui ad o u cissoient
nos mau x, ne tardoient pas à s’évanouir.
Quand notre imagination nous les présentoit
( l i t )
de noüVeâu , nous nous rappelions le proverbe
: Projeter est aisé, exécuter est difficile.
La raison nous disoit bien que les Japonoià
nous délieroient un jour, mais entre quatre
murs, et sous de triples verrôux. Alors que
deviendroient la côte de Tartarie, Kiachta et
la Russie? La dernière lueur d^espërance d.isr
paroissoit de nouveau pour faire place à un
morne désespoir. Souvent je me disois que si
un naufrage ou un accident quel ço n que m’eu t
fait tomber dans les mains des Japonois , je
n’aurois pas murmuré contre lé destin, et
j ’aurois supporté avec résignation les-peines
de la captivité, quoique c’eut été un sort bieri
amer ; mais poussé par la bonne opinion que
j ’avois de ce peuple et par le désir de lui
être utile, j ’étois volontairement allé dans le
fort,, comme, un ami va chez son ami. Si,
çômme seul auteur du mal, j’eusse souffert
seul, ma conscience du moins n’eut pu me
faire aucun reproche; mais sept hommes sous
mes ordres éloient avec moi dans la peine,
e| par nia faute !
Mes compagnons cherchoient à écarter de
mon: esprit ces idées qui faisoient mon supplice.
M. Moor me dit que le sentiment de
l ’honneur me tourmentoit, parce que je