« l’empereur. » Celte réponse un peu v iv e ,
bien loin de choquer les Japonois, les fit rire.
Cette nation est douée d’une patience admirable.
Chaque question étoit répétée deux et
trois fois, et chaque fois l ’interprète étoit
averti de la traduire, ainsi que notre réponse,
avec la plus scrupuleuse exactitude.Quelque-
fois même une seule question les occupoit
plus d’une heure. Ils ne témoignoient pas le
plus léger mécontentement, e t, comme par
délassement, entremêloient des questions insignifiantes;
par exemple : qu’est-ce qui, sur
les bâtimens, remplit l’emploi de pronostiquer
les vents et le temps qu’il doit faire , et déterminer
l ’époque du'départ? Leur ayant repondu
que chez nous il n’y aVoit personne
pour exercer ce dernier emploi, et que cela
dépendoit du commandant du vaisseau, ils témoignèrent
une grande surprise et répétèrent
la demande ; car, sur leurs moindres bâtimens,
il y a un homme chargé de prédire le temps
qu’il fera.
Les Japonois nous tinrent jusqu’au soir;
ils nous permirent pourtant de sortir deux
fois pour nous récréer et nous rafraîchir.
Notre repas fut apporté par nos domestiques,
et consista en riz et harengs séchés a l ’air;
nous eûmes pour dessert une tasse de saki.
Enfin on nous régala de tabac et de thé avec
du sucre, ce qui, chez ce peuple, est une
chose très-recherchée. Le soir, nous sortîmes
du château dans l’ordre accoutumé, et nous
retournâmes à notre demeure, que nous
trouvâmes dans le même état.
Le lendemain matin, 2g août, au* nous
conduisit de nouveau chez le commandant.
Les Japonois observèrent strictement dans
tout le même ordre. Le commandant en chef,
après s’être assis, tira plusieurs papiers de
son sëin, et en donna un à Otaki Koeki;
celui-ci le remit à l’officier à coté de lui qui
le transmit à Koumaddjero. Cet interprète le
déploya, et, ayant pris les ordres du commandant
en chef, nous permit de le lire. Nosyeux
furent d’abord frappés de la vue des signatures
de tous les officiers restés à bord de la
Diane ; vue inattendue, et qui produisit sur
nous une impression singulière. Nous nous
rappelâmes aussitôt notre position précédente*
et nous crûmes que nos compagnons, nos
amis avec qui nous avions servi si long-temps,
et que probablement nous ne devions plus,
revoir, nous faisoient leurs derniers adieux ;
nous ne pûmes retenir nos larmes*. M. Mooe