possibles sur la conduite de Chvostoff dans
ces îles; j interrogeai a ce. sujet un pilote
attachée à ses usages, qu’au départ des bâtimens qu’ils
avoient abondamment pourvus de vivres et d’approvi-
sionnemens pour plusieurs mois, ils firent présent de
robes de soie ouatées aux officiers et aux matelots;
1 ambassadeur seul ne reçut rien. On lui fit entendre
qu il étoit un trop grand personnage pour qu’on pût lui
offrir d aussi chétifs présens. Les témoignages d’estime
que les Japonois prodiguoient en toute occasion à M. de
Krusenstern, achevèrent d’ulcérer l’orgueilleux Resanoff.
Les ordres de la compagnie mettaient Chvostoff et
Davidoff .entièrement sous les. .ordres de Resanoff. En
1 8o5 ils visitèrent ayec lui les îles Aléoutiennes et la côte
d Amérique. Dans le cours de ce. voyage, Resanoff mér
dita un projet qui devoit à la fois le venger des injures
qu il avoit reçues au Japon, et procurer de grands avantages
à son pays et a la compagnie. Les Russes avoient
autrefois envoyé une colonie à Saghahen (Tcfal-p) ; elle
fut détruite. Les Japonois s’étoient ensuite emparés de
cette presqu île. Le projet de Resanoff étoit de s’en rendre
maître, de piller lçs établissemens japonois, de s’attirer
la confiance des naturels, et d’en conduire quelques-un»
emRussie pour leur faire goûter la douceur d’un gouvernement
européen. Deux vaisseaux, quoique mal armes,
et une soixantaine de soldats, lui paroissant suf-
fisans pour cette entreprise, il en confia le commandement
a Chvostoff et Davidoff : ils,s’y dévouèrent avec
zele ; mais la lenteur dés préparatifs d’une expédition
dans ces contrées presque désertes, l’hésitation même
que devoit produire dans l’esprit de Resanoff la suite
qui l’avoit suivi dans sa campagne, et je me
convainquis que ses deux attaques contre les
Japonois avoient été faites de son- autorité
privée, et que ceux-ci n’avoient pas eu le
moindre sujet de croire que des hostilités
commises par deux bâtimens assez petits ,
eussent pu être ordonnées par le souverain
d’un état dont l’étendue et la puissance dévoient
leur être connues parles relations de
leurs compatriotes qui avoient vpçu plusieurs
années en Russie. Le rapport de ce pilote
fut entièrement d’accord avec ce qiie m’a voit
raconté, à mon premier voyage au Kamtschatka,
Messinkoff, employé de la compagnie
d ua projet aussi délicat ignoré de son gouvernement
en retardèrent l’exécution. Chvostoff seul put se rendre
en 1806, à Saghalién, où il ne remplit ses instructions
qu’en partie; et cène fut qu’èni8o7, qu’aidé de Davidoff,
il put les remplir entièrement. Ils détruisirent un établissement
japonois dans une des îles Kouriles, et revinrent
à Ochotsk. Mais Resanoff étoit mort à Krasnoïark
pendant leur absence ; e t , au lieu de récompenses, ils
trouvèrent des fers en arrivant; ils s’évadèrent, furent
arrêtés de nouveau et ensuite remis en liberté ; arrivés
à Pétersbourg, ils rentrèrent dans la marine impériale,
se distinguèrent en 1808 dans la guerre de Finlande, et
périrent ensemble dans les eaux de la Néva au mois
d’octobre 1809.
E.