ne pouvoit pas expédier une force assez imposante
pour contraindre le gouvernement
japonois à une réconciliation ; il falloit pour
eela un armement parti des ports de la Baltique,
ce qui dépendait de la paix avec l’Angleterre.
Tout cela exigeoit du temps, et
le temps pouvoit nous faire entièrement
oublier.
Tous ces motifs nous engagèrent à hâter
notre fuite, et à l’effectuer, s’il étoit possible;
avant l’arrivée de nos bâtimens sur les côtes
du Japon; car, à leur première apparition,
peut-être renforceroit-on notre garde, et nous
remettroit-on en cage.
Teské cberchoit toujours à nous consoler,
en nous disant que si le nouveau gouverneur
étoit aussi bien disposé pour nous que le
gouverneur actuel, et faisoit des représentations
en notre faveur, il pouvoit, par l’entremise
de son collègue, donner aisément une
tournure différente à notre affaire. Le gouverneur
partoit pour la capitale, parce que,
dans toutes les provinces de l’empire du
Japon qui n’appartiennent pas à un prince
mais dépendent immédiatement de l ’empereur,
il y a deux obouniôs ou gouverneurs
qui résident alternativement un an
dans la province et un an dans la capitale*
L ’obounio en exercice rend compte à son
collègue de tout ce qui se passe dans la province;
c e lu i- c i met les affaires sous les y eu x
du gouvernement, et s’occupe d’obtenir une
décision prompte et favorable. I l résulte de
grands avantages de ce mode d’administration
, que les Japonois ont encore eu une
autre raison d’établir. Nul gouverneur ne
peut emmener avec lui sa femme et ses en-
fans dans la province qui lu i est confiée; ils
restent dans la capitale comme otages de sa
fidélité. Les princes vassaux de l’empereur
sont sujets à la même loi ; leurs femmes et
leurs enfans résident toujours dans la capitale,
et eu x passent alternativement une année
avec leur famiile, et l’autre dans leur
principauté. Le gouverneur qui alloit partir
se nommoit Arao—Madsimano-Oami ; ce dernier
mot désigne une dignité que les grands
obtiennent de l’empereur spirituel, et dont
le titre est toujours joint à celui de la personne
qui en est revêtue. En Europe, et
dans le monde entier, il n’y a peut-etre pas
de dignité qui réponde à celle-la ; elle dénote
quelque chose qui tient à la religion.
Le nouveau gouverneur n’étoit attendu