quesas, le Kamtschatka et le Japon, en un
mot toutes les mers que la Nadeschda avoit
parcourues et toutes les terres auxquelles
cette fregate avoit abordées. Lesdistances respectives
et la position des lieux n’étoient
pas, il est vrai, marquées avec exactitude;
mais si l’on considère que ceux qui avoient
fait cet ouvrage, étoient de simples matelots,
et qu’ils l’avoient exécuté de mémoire, ne
pouvant déterminer que par la position du
soleil vers quel endroit du globe la route se
dirigeoit, on ne pourra s’empêcher de reconnaître
aux Japonois un degré d’intelligence
peu ordinaire.
Teské nous apprit qu’il étoit arrivé de
la capitale une quantité de traductions ja-
ponoises d’ouvrages européens, pour que
nous pussions les examiner et en dire notre
avis; mais que, le gouvernement n’ayant encore
rien fait en notre faveur, le bounio ne
vouloit pas nous donner cet embarras. Ilnous
prioit donc d’en parcourir seulement trois.
Quant aux autres, ce seroit pour l ’époque où
arriveroit l’ordre de nous mettre en liberté,
dans le cas où nous aurions assez de temps
pour nous en occuper; l ’affaire n’étoit pas, au
reste, tellement importante, que l ’on ne put
pas la laisser de cote. Les trois ouvrages
étoient les suivans:
Histoire de la conjuration de Beniouski,
et de sa fu ite du Kamtschatka.
Histoire de la campagne des Russes et des
Anglois en Hollande, en ijÿÿ»
Géographie de la Russie.
Teské s’occupa très-peu des deux premiers
liv re s , mais il lut le dernier depuis le commencement
jusqu’à la fin ; ce qui nous obligea
de mettre presque à chaque page des observations
et des réfutations, parce que c’étoit
une description de la Russie encore barbare,
et que les notices, quoique généralement
exactes, se rapportaient uniquement au temps
de nos pères, et non pas au nôtre. Les Japo—
nois , qui sont extraordinairement attachés a
leurs lois et à leurs coutumes anciennes, ne
pouvoient comprendre comment il étoit possible
qu’une nation subît un changement si
considérable en si peu de temps.
Notre religion excita aussi la curiosité des
Japonois. Teské nous pria, au nom du gouverneur,
de lui faire connoître notre doctrine
religieuse et ses bases, nous expliquant ainsi
le motif de cette demande : « Le gouverneur