largeur du canal qui forme l ’entrée. Celte
batterie consistoit en un épaulement der-
rièrelequel il y avoit trois ou quatre canonsde
bronze sur des affûts à deux roues, tout dif-
férens des nôtres. Au pied de l ’épaulement,
on voyoit, posé sur des poutres, un canon en
fer de dix^huil ou vingt-quatre^ qui avoit l ’air
d’avoir été fondu en Europe. Tout nous fit
croire que les Japonois s’en seryoient dans
la position ou il étoit, car une pièce si pesante
eût fait du premier coup voler en éclats les
affûts tels qu’ils les fabriquent.
Les Japonois, en nous menant à travers
cette batterie, nous causèrent des soucis bien
cuisans. <c Quoi ! nous disions-nous, ils ne
cherchent pas même à nous cacher leurs
ouvrages de défense: ils ont doncl’intention
de nous tenir dans une captivité perpétu
e lle ; car ils sont bien sûrs q u e , dans
ce cas, nous ne ferons pas tourner à leur
détriment la connoissance que nous acquérons
de leur manière de se fortifier. » Eu
réfléchissant, en outre, à. tout ce qui s’éloit
passé a Chakodade , nous n’apercevions
d’autre moyen de salut que la fuite. Nous
recommençâmes donc à soqgeraux moyens de
l ’çffectuér. Mais nous ne tardâmes pas à re->
coniloître que pour lè momént c’étoit une
chose impossible. En effet, quoique pendant
la nuit les Japonois nous ôtassent entièrement
la cordequi ceignoit notre corps, cependant
plus de la moitié d’entre eux ne dormoit
pas, et quelques-uns même restoient constamment
dans notre chambre. Dans le jour,
il n’étuit possible de se frayer un passage que
par force ; mais la quantité de gens qui nous
entouroit, et nos armes qui seqréduisoient à
un seul couteau, rendoient cette ressource
impossible.
Notre nourriture pendant la roule fut la
même qu’en allant à Chakodade; on nous
donnoit à manger trois fois par jour. Les
villages dans cette partie de l’île sont plus
nombreux et plus peuplés. Tous les habitans
s’occupent de la pêche et du soin de recueillir
le chou-marin. Ils ont aussi de très-
grands jardins potagers , et cultivent uné
quantité incroyable de raves. Dés champs
entiers en sont couverts. Les Japonois, riches
et pauvres, accommodent les raves comme lé gume.
C’est chez eux un mets aussi commun
que le chou en Piussie. Us les salent aussi , et
s’en servent en guise de sel dans leurs repas.
Quand ils mangent du poisson ou d’autre