faire entendre, en japonois, à Koumaddjero*
qu’on nous nourrissoit comme des chiens;
celui-ci le comprit, et répondit à M. Moor de
ne pas s’en fâcher : il lui conseilla en même
temps d’être à l’avenir plus circonspect dans
ses propos; car si d’autres l ’entendoient, il
pourroit lu i en arriver malheur. Cependant
nous étions dans une incertitude extrême
sur la manière d on tje gouvernement japonois
prendrait nos réponses et nos explications
, et sur ce qu’il feroit de nous. Nous
nous apercevions qu’un destin cruel nous
poursuivoit; ce ne fut pas seulement le concours
des événemens d’ici bas qui nous effraya;
il vint s’y joindre l’apparition des
météores célestes. Une comète se montra.
Nous voulûmes savoir si les Japonois avoient
quelque idée de ce phénomène, et nous les
questionnâmes à ce sujet. Nous conclûmes
de leurs réponses qu’ils savoient seulement
que ces corps lumineux paroissent rarement.
Nous fûmes ensuite curieux d’apprendre si,
de même que les autres nations asiatiques, ils
regardoient les comètes comme les avan t-coureurs
de catastrophes extraordinaires; dans
ce cas , c’étoit peut-être favorable à nos intérêts,
les Japonois pouvant penser que l’appa-
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rition de la comète que l’on voyoit étoit
une annonce de la vengeance du ciel pour
leur conduite injuste et cruelle envers nous.
Nous leur demandâmes donc s’ils considé-
roient ces étoiles flamboyantes comme pronostiquant
quelque chose : «Q u i, répon-.
dirent-ils, à notre chagrin extrême ; car,
l ’année même où Chvostoff est venu nous
attaquer (1807), une comète s’est montrée
tout comme à votre arrivée.»
Le i 3 septembre,l’officier, immédiatement
au-dessous du commandant en ch e f, nous
annonça qu’il étoit chargé, à l ’approche de
la saison fro ide , de nous distribuer des vête-
mens chauds, pris parmi ceux que la corvette
avoit laissés pour nous à Kounaschir, et nous
demanda quels étojent ceux dont nous avions
besoin. Sur ma deinande, on me donna aussitôt
mon manteau, une veste chaude, une
culotte, des chemises, un bonnet, des bas
et un mouchoir; mes compagnons obtinrent
aussi tout ce qu’ils désirèrent.
Jai deja dit plus haut que les Japonois
étoient convenus avec nous d’échanger successivement
les matelots que nous avions
dans nos loges. Le 3i août,.Vassilieff fut mis
avec M, Moor, et Schkaïeff enfermé seu l;
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