dâmes toutes ces assurances comme des paroles
en l’air ditesseulement poumons donner
quelque consolation, surtout quand nous réfléchissions
que l’on nous conduisoit garrottés
comme des criminels; mais les Japonois nous
dirent que, lois même qu’ils arrêtaient des personnages
d’un rang considérable, ils les garrottaient
toujours , qu’ils fussent coupables ou
non (1). Nous en conclûmes que nous ne de-
vions pas comparer leurs usages aux nôtres, n i
croire que des hommes de distinction ne pou-
voient pas se trouver dans notre société. Au
reste, Gooïso sut si bien gagner notre confiance,
que nous nous en rapportions plus à ce qu’il
nous disoit qu’à tous nos raisonnemens u n iquement
fondés sur ce qui se passoit autour
de nous.
Indépendamment de ces nouveaux sur-
veillans , il nous en vint encore un. C’était
un officier du prince de Nambou : on portait
devant l u i , par marque de distinction, une
lance avec une queue de cheval. Quoique
(1 ) Garrotter avec des cordes est une pratique si o r dinaire
au J apon, qu’à l ’école, loi’sque les enfans sont
paresseux ou commettent quelque fau te , on leur lié le^
mains derrière le dos pour un temps p lus ou moins lo n g ,,
suivant la gravité du cas.
tous les autres lu i montrassent des égards
particuliers et prissent ses ordres, tout son
emploi, comme nous le remarquâmes bientôt,
se bornoit à veiller attentivement sur
nous. Les soldats impériaux, envoyés de Chakodade
, étaient chargés de notre entretien.
Parmi les camarades de Gooïso, il y avoit un.
jeune homme doux et d’un commerce agréable
, qui mettait dans sa conduite envers
nous beaucoup de politesse et de bonté. Le
troisième, au contraire, homme âgé, ne nous
partait jamais, rioit toujours et épioit ce que
nous nous disions entre nous. Cette circonstance
nous fit penser qu’il étoit peut-être un
des Japonois qui avoient passé plusieurs années
en Russie, qu’il comprenoit un.peu
notre langage, et qu’il n’avoit été envoyé vers
nous que pour avoir connoissance de nos
discours. Ce qui confirma encore plus ce
soupçon, c’est que nos gardes ne nous avoient
pas dit qu’il se trouvât à Matsmaï des personnes
qui comprissent le russe; mais le
secrétaire du commandant d’un village nous
dévoila en cachette cette particularité. Nos
entretiens sur •' ce sujet engagèrent aussi
Alexis à nous communiquer une chose qui
nous fut très-désagréable.