mets qui ont besoin de sel, ils mordent un
petit morceau de rave.
Nous passâmes la nuit du 29 au 3o septembre
dans un village qui fut notre dernière
station, à une demi-journée de route de
Matsmaï. La circonstance suivante nous a
rendu ce lieu mémorable. L ’interprète Kou-
inaddjero nous conseilla, quand ôn nous
interrogerait à Matsmaï, de persister dans
nos réponses précédentes. Il nous assura que
si nous nous en écartions dans la moindre
chose, nous serions, d’après les lois du Japon,
déclarés coupables. Il nous donna de plus
d’excellent tabac et de petits morceaux de
papier, en ajoutant qu’il agissoit d e là sorte
pour que les officiers de Matsmaï, qui nous
en verroient dépourvus, ne pussent l’imputer
à la négligence des personnes chargées
de nous accompagner, ce qui seroit une
honte pour ceux-ci. 11 est bon, pour faire
entendre ceci, d’observer que les Japonois
ne font pas usage de mouchoirs. Us se
mouchent et crachent dans du papier à écrire ,
qu’ils porîent toujours sur eux «à cet effet.
Les riches se servent du plus beau papier;
les pauvres en emploient de qualité inférieure.
A Chakodade, l ’on nous en avoit
fourni de très-mauvais ; mais dans l’occasion
dont je parle, on nous en donna du meilleur.
Pour en revenir à l’interprète, il nous conseilla
encore de ne pas ajouter foi à ce que
disoit le médecin qui nous assuroit qu’à
Matsrnaï, nous logerions tous ensemble dans
une belle maison. Il nous sembla que c’étoit
tout comme si l’on nous eût dit qu’il y avoit
une prison préparée pour nous.
Le 5o septembre, nous fîmes halte, un
peu après midi , dans un village éloigné
d’environ trois milles de Matsmaï. Quelques
soldats et une foule considérable y vinrent
à notre rencontre. Après une pause d’une
demi-heure, durant laquelle les personnes
chargées de nous accompagner mirent leurs
beaux habits, 011 nous conduisit dans la ville;
notre cortège fut disposé de la même manière
qu’à notre entrée dans Chakodade; mais Mats-
maï étant une ville plus grande et plus peuplée,
le nombre des spectateurs fut bien plus
considérable. Après l ’avoir parcourue dans
une longueur de quatre à cinq verstes, nous
arrivâmes sur le bord de la mer, puis dans
une grande place découverte et remplie d’une
foule immense qui se tenoit derrière des
cordes tendues autour d,e la place, unique