portant les chaises et les prësens destinés
aux Japonois.
Nous attendîmes un petit quart-d’heure
sur le rivage; e t , dans cet intervalle , je
m entretins avec l’oyagoda et ses compagnons.
Je les questionnai sur la position de la côte
de Malsmai que nous avions en v u e , et sur
le commerce de cette île avec Niphon, la
principale île du Japon; mais je remarquai
qu ils ne répondoientà mes questions qu’avec
une sorte de répugnance.
Enfin nous nous mimes en marche vers le
fort: En y entrant,, je fus frappé'de la foule
qui s y trouvoit rassemblée. Les soldats seuls,
armes de fusils, de flèches et. de piques ,
étoient au nombre de trois à quatre cents ,
assis en cercle autour d’un grand espace yide
a droite de la porte. A gauche, une quantité
innombrable de kouriles entourait une tente
de toile de coton rayée, dressée à peu près à
trente pas de la porte. Je ne m’étois pas imaginé
que ce petit fort eût pu contenir tant de
inonde, et je dois croire que, depuis l’arrivée
de la corvette dans le p o r t, on avoit
réuni dans la place tous leshabitans des lieux
voisins. On nous conduisit aussitôt dans la
tente où le commandant en chef étoit assis
sur un tabouret, vis-à-vis l’entrée. Cet officier
étoit vêtu d’une belle robe de soie ; il avoit
en outre un équipement de guerre complet,
et deux sabres aü-dessous de la ceinture. Un
long cordon de soie blanc lui descendoit des
épaules ; à une extrémité pendoit un gland
desoie, à l’autre un bâton d’acier qu’il tenoit
àlamain, et qui étoit certainement l’emblème
de sa dignité. Derrière lu i, étoiènt assis à
terre son porte-lance, son porte-mousquet,
son porte-casque ; cette arme défensive res-
sembloit a celle que j’avois vue au commandant
en second, excepté qu’au lieu d’une
lu n e , un soleil y étoit dessiné. Le commandant
ensecond etoit de même avec ses écuyers,
assis à la gauche du commandant en chef,
mais sur un tabouret plus petit. De chaque
cote de la tente, quatre officiers étoient assis
à terre , lés jambes croisées. Quand nous entrâmes,
les deux commandans se levèrent;
nous les saluâmes a notre manière , ils nous
rendirent le salut. Ils nous invitèrent a nous
asseoir sur des bancs; mais nous préférâmes
nos chaises, et ils firent asseoir nos matelots
sur des bancs derrière nous.
Après les premières marques de politesse,