Cinq ou six ans auparavant (car il ne potl-
voit pas fixer précisément l’époque) , quatre
à cinq Japonois arrivèrent en bateau à Para-
mouschir , la seconde île Kourile : ils montrèrent
aux habitans un grand papier revêtu
d’ un sceau, et dirent que c’étoit un passeport
du commandant du Kamtschatka, qui
leur permettoit d’aller du havre Saint-Pierre
et Saint-Paul à Itouroup, une des îles de cet
archipel, occupée par les Japonois, et que
ce papier ordonnoit aux Kouriles de les passer
d’une île à une autre. Les habitans de la
seconde île les transportèrent donc à la quatrième,
et ceux de cette dernière à Itouroup.
Alexis étoit au nombre de ceux-ci. Cet événement
avoit eu lieu avant le pillage commis
par les bâtimens de la cornpagnié. Voilà
pourquoi les Japonois n’avoient pas retenu
les Kouîiles.
En calculant le temps et comparant les circonstances,
ces Japonois devoient avoir été
ceux qui firent naufrage sur la côte du Kamtschatka,
dans le temps où Resanoff étoit au
Japon, et qu’il rencontra ensuite au port
Saint-Pierre et Saint-Paul. Nous ne savions
pas qu’il avoit voulu envoyer ces malheureux
aux factoreries de la compagnie de l’Amérique
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Septentrionale; mais le gouverneur duKamt-
schatka s’y opposa, et il fut en conséquence
résolu, sous prétexte de l’impossibilité de
les renvoyer dans leur pays, de leur assigner
Werchny - Kamtschatk pour demeure. Ils
feignirent de vouloir embrasser notre relta
gion, et s’enfuirent sur un petit bateau. Nous
appréhendions que Resanoff, qui hâissoit les
Japonois, ne leur eût fait part de ses p ro jets
humains, et bien dignes d’un tel protecteur
de la compagnie d’Amérique; savoir,
d’attaquer leurs compatriotes et de les transporter
en Amérique, ou, en un mot, d’en
faire des esclaves de la compagnie.
Depuis que Gooïso nous accompagnoit,
les Japonois faisoient une distinction entre
nous. Quand on s’arrêtoit quelque part, les matelots
ne pouvoient pas s’asseoir sur le même
banc que nous; nos nattes étoient meilleures
que les leurs; et, quand le local le permettoit,
nous autres officiers, nous avions une chambre
particulière; mais la nourriture étoit la
même pour tous.
Le 7 août, nous rencontrâmes en route un
des principaux officiers de Matsmàï qui alloit
à Kounaschir pour recueillir sur les* lieu x
même tous les renseignemens qui nous con