Nangasaki, sous pavillon hollandois. Les
marchandises étoient déjà à terre, lorsque
les Japonois s’aperçurent de la grande différence
qu’il y avoit entre ces navires et ces
équipages et ceux qui étoient venus précédemment
chez eux. Ce qui contribua le plus
à éveiller leur soupçons, fut l ’excellente qua-
htédes marchandises, toutes de manufacture
angloise. Malgré cette considération , le gouvernement
ordonna de tout rembarquer et
de renvoyer le bâtiment.
Vers le milieude mars, le gouverneur nous
permit de nous promener dans la ville et audehors.
En peu de temps, on nous mena par
deux fois jusqu’à la distance de quatre lieues
sous l ’escorte de cinq à six soldats impériaux,
de trois à quatre soldats du prince, et sous la
conduite d’un de nosinterprètes. Nous avions
de plus, à notre suite, des domestiques qui
portoient tout ce qu’il falloit pour faire le thé,
du saki, des nattes et assez souvent notre'
dîner. Enfin, un agent de la police de la ville
fut place près de nous pour nous montrer le
chemin.
Les Japonois nous menoient sou vent à q uatre
verstes ( une lieue) hors de la ville, dans les
montagnes et le long d u rivage de la mer. Nous
vîmes tout de suite qu’il ne seroit pas bien
difficile de nous échapper, et d’employer les
armes de nos gardes pour nous délivrer d eux.
Les J aponois p o r ten t co n s tam m en t un sabre
et un poignard à la ceinture. Chez eux ils
quittent le sabre, mais il est bien rare qu’ils
se débarrassent du poignard ; s ils sortent seulement
une minute de leur çbambre, ils le
remettent tout de suite à leur coté5 en un
mot, c’est leur compagnon inséparable.
Mais ce n’étoit rien de s’échapper, il s’agis-
soit de savoir où fuir. Nous résolûmes donc
d’attendre l’occasion où un navire se trouverait
le long de la côte, afin de pouvoir nous
y embarquer tout de suite , et nous demandions
toujours aux Japonois de nous mener
du côté de la mer. Notre provision de vivres
nous accompagnoit sans cesse dans nos promenades.
Cependant M. Moor, devinant nos
projets, engagea les Japonois de ne pas trop
s’éloigner de la ville , sous prétexte qu il
avoit mal aux pieds.
Dans les derniers jours de mars, les interprètes
et nos gardes nous répétèrent quenous
ne tarderions pas à quitter la prison, et que
cela ne tenoit qu’à quelques réparations que
l’on faisoit dans la maison que nous devions oc