s’excusa seulement ponr l’enseignement des
mathématiques, sous le prétexte de son in -
suffisance, et conseilla de recourir , pour cette
science, aux leçons de M. Chlebnikoff à qui
elle étoit parfaitement connue.
Quoique Mamia-Rinso fût devenu notre ennemi
implacable, nous n’étions pas néanmoins
perpétuellement en querelle avec, lu i; nous
nous entretenions souvent d’une manière très-
amicale sur différens objets; ce qui concernela
politique,mérite, entre autres, d’être cité. Il
prétendoit que les Japonois avoient des motifs
fondés d’attribuer aux Russes de mauvais
desseins contre eu x , et que les Hollandois
avoient été véridiques dans ce qu’ils avoient
dit sur plusieurs cours européennes. Teské
ne partageoit pas cette opinion. Il croyoit que
les Hollandois avoient à dessein cherché àins-
pirer au gouvernement japonois dessoupçons
contre les Russes ét Tes Anglois, en assurant
que ces deux puissances,qui faisoient de concert
la guerre «à la France et àsesalliés, avoient
lormé le projet de s’étendre vers l’est, la
Russie par terre, l’Angleterre par mer, de
se soutenir mutuellement; et enfin, avec le
temps, de se partager la Chine et le Japon (1).
( i) Les Hollandois cherchèrent pour la première fois
Les Hollandois tiroient les preuves de leurs
assertions de ce que ces deux nations avoient,
dans un si court espace de temps, etendu
leurs possessions s i près de c e lle s du Japon;
car la Russie étoit maîtresse de la Sibérie, des
îles Kouriles et Aléoutiennes, et l’Angleterre
de l’Inde. On sait que Broughton visita deux
ans de suite les côtes de Matsmaï, et eut
chaque fois des rapports avec les habitans ;
cela eut lieu précisément à l’époque où l’Angleterre
et la Russie o réunies combattoient
contre la France; Les Hollandois soutinrent
donc, suivant les expressions de Teské, que
les Anglois prenoient connoissance des ports
du Japon pour les attaquer ensuite. Nous
combattîmes la foiblesse de ce raisonnement,
et nous cherchâmes à les convaincre du veritable
motif de la navigation de Broughton
dans ces parages, motif bien connu des Hollandois;
ajoutant que le caractère jaloux et
intéressé à l ’excès de ceux-ci leur avoit fait
craindre que les Japonois n’en vinssent à lier
des relations commerciales avec les Russes et
à prévenir les Japonois contre les Russes et les Anglois,
lorsque le capitaine Broughton, naviguaut dans ces parages,
débarqua sur les côtes de Matsmaï, nommées
Insu dans sa relation.