de mon rang, de mon nom de famille et de
mes prénoms, et d u lieu de ma naissance. Les
deux secrétaires écrivirent mes réponses. Les
mêmes questions furent ensuite adressées à
MM. Moor et Chlebnikoff, puis aux matelots.
Celle qui concernoit nos prénoms ne nous
causa pas peu d’embarras. A lexis , qui ne
pouvoit pas bien s’exprimer en russe, nous
demanda quelle étoit la queue de notre nom*
Pour comprendre c e c i, il est bon de savoir
que, dans la langue kourile, queue et terminaison
sont désignées par le même mot.
Nous ne pouvions comprendre ce qu’il vou-
Joit dire; enfin il eut l’heureuse idée de nous
l’expliquer par un exemple. « Tiens, dit-il,
« je m’appelle Alexis; or, à mon nom, il y a
« la queue Maximytsch: quel est ton ytsch?»
Les autres questions ne nous donnèrent pas
moins d’occupation avec lui; après avoir parlé
une heure, nous étions'aussi avancés qu’auparavant.
A u x premières questions en succédèrent
d’autres auxquelles chacun de nous fut obligé
de répondre à son tour. Les voici : Quel est
votre âge? votre père et votre mère vivent-
ils encore?avez-vous des frères, et combien
en avez-vous? êtes-vous marié? avez-vous
des enfans? dans quelle ville êtes-vous né?
combien de jours faut-il pour aller de cette
ville a Saint-Pétersbourg? quel étoit votre
emploi à bord du bâtiment? que faisiez-vous
à terre? quelle étoit la force de l ’équipage
qui vous étoit confié? Toutes nos réponses
furent couchées par écrit, comme les précédentes.
Quand nous répondîmes à la question
concernant la ville où nous prîmes naissance,
les Japonois demandèrent comment, étant
nés dans des villes difïérentes, nous servions
sur un même bâtiment? Nous répliquâmes
que nous servions non pas nos villes natales,
mais notre patrie entière et l’empéreur, et
que par conséquent peu importait que nous
fussions sur un bâtiment ou sur plusieurs,
pourvu qu’ils fussent à la Russie. Cette réponse
fut aussi écrite.
Leur question rendue ainsi par Alexis, quel
étoit le nombre de ceux à qui nous commandions
à terre, nous causa dans la suite beaucoup
de désagrémens. Les Japonois voûtaient
absolument savoir combien d’hommes étoient
sous notre commandement. Leur ayant dit
que cela varioit et dépendoit dés circonstances,
ils demandèrent ce qu’il y avoit de
réglé à cet égard. Pour nous tirer d’affaire