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procher, pour les examiner et en prendre le
relèvement. L ’année précédente, j ’avois fait
les mêmes observations en revenant d’Amérique
au Kamtschatka, le long des îles Kouriles.
Outre le brouillard presque continuel
qui règne constamment à la surface de la mer
et qui enveloppe les côtes du continent et
les îles, la navigation est encore sujette à
d’autres difficultés plus grandes et et qui augmentent
les dangers. Des courans d’une vio->-
lence extraordinaire se font sentir entre les
îles Aléoutiennes et les Kouriles ; et tout près
de la côte de ces deux archipels, il est si
difficile de connoître la profondeur que, sou-r
vent, à une distance de trois milles ou une lieue
du rivage, on ne trouve point de fond par
cent cinquante à deux cents brasses; on ne
peut donc pas, comme dans la plupart des
parages connus, se fier à la sonde pour juger
du voisinage de la terre. Tous ces faits, que
je n’ignorois pas, m’engagèrent à choisir autant
qu’il seroit possible le temps le plus favorable
et le plus commode pour l’exécution
de mon entreprise. Je lus dans cette intention
les relations des navigateurs les plus célèbres
qui avoient parcouru ces mers. Voici ce que
je recueillis de cette lecture :
( * * > .
En 1779, les vaisseaux anglois, la Résolution
et la Découverte, commandés par le capitaine
Gore, après la mort de Cook et de
Clercke, partirent, le 9 octobre , de la baie
d’Avatcha, pour explorer les îles Kouriles,
en poursuivant les découvertes quiformoient
le principal but de leur voyage. Mais Gore
ne put avoir connoissance que de la première
et de la seconde de ces îles, c’est-à-dire de
Schoumschou et de Paramouschir ; malgré
tous ses efforts , il lui fut impossible d’approcher
des autres, à cause de la violence des
vens d’ouest, qui soufflèrent sans discontinuer.
La première terre qu’il aperçut ensuite,
le 26 octobre, fut la côte orientale du
Japon, parles 4o° 5 ' de latitude. Gore n’avoit
pas encore renoncé à son plan de reconnoître
les Kouriles méridionales, mais des coups de
vents impétueux l ’empêchèrent d’effectuer ce
dessein. Il avoit quitté la baie d’Avatcha à la
fin de septembre; je pouvois donc conclure
que ce mois et celui d’octobre n’étoient n u llement
favorables pour visiter cet archipel.
Vers le milieu daout 1787, La Pérouse
passa entre la presqu’ile Saghalien et l ’île
Matsmaï en debouquant par le détroit, q u i,
•par la suite, a porté son nom; depuis le cap