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tie concert avec A lex is , inventé un conte
pour détruire la déposition primitive des
Kouriles. Alexis ne se laissa pourtant pas intimider
; il persista dans sa déclaration, et demanda
a être confronté avec ses compatriotes.
Les Japonois n’avoient pas voulu nous dire
s i, depuis le depart de la Diane, ils avoient
permis à ces Kouriles de quitter Itouroup.
Quand nous questionnions nos gardes à ce
sujet*; ils s’excusoient en disant qu’ils n’en
savoient rien ; les uns soutenoient que ces
gens étoient partis; d’autres, au contraire,
affirmoient qu’ils se Jrouvoient encore dans
l ’île. Quoi qu’il en pût être, nous revinmes
cette fois assez mortifiés de ce que les Japonois
sembloient regarder la déclaration d’Alexis
comme une fable de notre invention, et bien
convaincus qu’ils nous traiteroient comme
des espions et des imposteurs : Dieu seul con-
noissoit notre innocence. L ’idée d’être de-
tenus dans une prison perpétuelle, et séparés
à jamais de notre patrie, nous plongeoit dans
le désespoir; j ’aurois mille fois préféré la
mort à notre position actuelle. Les Japonois
s’aperçurent de notre abattement, et cherchèrent
à nous tranquilliser. Ils améliorèrent
notre nourriture, et, sous prétexte de^solli-
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citudç pour notre santé, nous donnèrent
encore des robes ouatées.
Le 19 novembre,ils nous conduisirent,avec
de grandes démonstrations dé joie, au château.
En attendant l ’audience, 110s gardes, nos domestiques,
et l’interprète furent très-gais, et
nous assurèrent que le gouverneur nous an-
nonceroit un nouvelle très-agréable. Nous
cherchâmes inutilement ce que ce pouvoit
être. Après être restés long-temps dans l’antichambre,
nous fûmes introduits dans la salle
du tribunal, où se trouvoient presque tous
les magislrats de la ville. Enfin lebounio parut
et prit place. Il nous demanda si nôtre santé
étoit bonne (1), et si l’on pouvoit regarder
comme vrai tout ce que nous avions raconté
de Chvostoff, ainsi que l ’assurance que
nous avions donnée de ne nous être approchés
du Japon dans aucune vue hostile.
Après que nous eûmes de nouveau protesté
de notre sincérité , le bounio prononça
un discours assez long, dont Alexis ne put,
comme à son ordinaire , nous donner que
(1) Presque toujours le bounio s’informoit de l’état de
notre santé. Souvent il dernandoit de plus si nous étions
contens; si notre nourriture étoit bonne et si l ’on ne
nous faisoit de tort en rien.