Les Hollandois, qui font le commerce à
Nangasaky, quoique soumis à de grandes
gênes, pourroient néanmoins, par leur
connoissance de la langue, recueillir beaucoup
d’observations précieuses sur cet empire.
Mais les Hollandois, comme on le
sait généralement, cachent mystérieusement
les descriptions et les cartes même
des pays avec lesquels d’autres nations
européennes plus instruites ont des relations
habituelles, et sur lesquels elles ont
déjà publié le fruit de leurs observations.
On ne peut donc., pas s’attendre qu’ils
fassent rien paroitre sur le Japon, où ils
sont les seuls Européens admis. A in s i,
des notions sur ce peuple antique ne
pourront qu’intéresser tous les hommes
éclairés.
Ce sont ces motifs qui m’ont engagé à
donner au publie les aventures de ma
captivité chez les Japonois; les détails
n’en auroient peut-être pas éveillé son
attention, si elle eût eu lieu ailleurs. Quiconque
lira ma relation verra combien les
m
moyens que j’avois d’observer tout ce qui
est nécessaire pour décrire un empire
considérable et peu connu , étoient circonscrits;
par conséquent on ne me reprochera
pas la brièveté de mes observations;
car cet objet traité en détail pour-
roit fournir des matériaux pour plusieurs
volumes.
Si j’eusse voulu, comme quelques voya-
geurs, grossir mon livre par spéculation,
j ’eusse p u , sous le titre d’introduction ou
de préface, remplir un gros volume d’extraits
d’autres livres écrits sur le Japon,
et connus çte tous les lecteurs instruits;
mais je ne veux raconter que ce qui m’est
arrivé, et rapporter que ce que j’ai vu.
Y . GOLOVNIN.