m’attaG'hoient à elle dévoient me mettre au-
dessus du danger. J’ordonnai donc aux quatre
matelots qui eloient avec moi de cacher leurs
armes sous les toiles , de manière néanmoins
à pouvoir les prendre à l ’instant si le cas 1 exi-
geoit, et j ’allai débarquer à trois Cents pieds
environ des portes du fort.
Je mis pied à terre avec Alexis et un matelot.
J’ordonnai aux autres de tenir le canot
à flot, de n y pas laisser entrer les Japonois,
et d’avoir toujours les y eu x sur moi pour
m’obéir au premier signal. Un oyagoda, ou
officier japonois, dont les fonctions répondent
à peu près à celle d’un capitaine de cercle,
vint au-devant de moi sur le rivage , avec
deux officiers, deux soldats, et plus de dix
Kouriles. Tous les Japonois, sans distinction
de rang , portoient de belles robes de soie ;
ils étoient cuirassés de la tête aux pieds,
chacun, a voit à la ceinture un sabre et un
poignard. Les Kouriles n’étoient pas armés.
Quant à moi, je ne portois qu’un sabre, mais
j’avois dans mes poches et dans mon sein trois
paires de pistolets. L’oyagoda me reçut avec
beaucoup de marques de politesse et d’amitié,
et me pria d’attendre sur le rivage le commandant
du fort qui ne tarderoit pas à paroitre.
Je lui fis demander pourquoi les Ja-
ponois avoient fait replacer dans le petit baril
tous les objets que nous avions précédemmen t
laissés? « Pour vous les rendre, répliqua-t-il,
parce que nous pensions què vous ne vouliez
plus traiter avec nous; or nous ne pouvons
rien accepter avant que toutes les conférences
ne soient terminées. » Je me souvins alors de
la partie de la relation de Laxinann, où il est
dit que les Japonois n’avoient pas voulu accepter
de présens avant la fin des négociations;
mais qu’ensuite ils n’avoient rien refusé de
ce qu’on leàr avoit donné. Je ne m’inquiétai
donc nullement de cette circonstance.
Le commandant ne se fit pas long-temps
attendre. Il parut complètement armé, accompagné
de deux soldats ; l’un portoit sa
longue lanee, l ’autre son casque ou bonnet
sur lequel étoit dessiné une lune f i l ressem-
bloit d’ailleurs à ces couronnes que l’on met
chez nous sur les têtes des mariées. Il seroit
difficile de se figurer quelque chose de plus
risible que la tournure de cet homme; il avoit
les y eu x baissés à terre, les mains appliquées
sur les côtés; il faisoit à peine usage de ses
pieds pour avancer, et tenoit les jambes
aussi écartées, que si un canal les eût sépa