sources offert parla partie de notre territoire,
voisine de leur empire, partie qu’ils connois-
soient par les rapports de quelques-uns de leurs
compatriotes qui avoient parcouru toute la
Sijjérie , et étoient même allés jüsqu’à Saint-
Petersbourg. Actuellement le témoin le plus
fort contre nous étoit Alexis. J’ai déjà dit qu’il
nous supplioit de confirmer la fable qu’il avoit
inventée à plaisir avec ses compatriotes ; il
falloit ainsi, pour l ’obliger, nous reconttoître
coupables , et le justifier, lui qui, seul, n’a-
voit pas la conscience nette. Nous nous figurions
qu’il persisteroit à soutenir la vérité de
son récit, et chercheroit à nous inculper de
toutes les manières. En faisant semblant de
condescendre a sa demande,nous l’aurions encore
plus aigri contre nous ; et, comme il de-
voit s’attendre à être puni sévèrement en arrivant
en Russie , il ne manqueroit pas d’employer
tous les moyens de s’opposer à notre
retour. D’un autre côté, des motifs évidens
ne nous permettoient pas de conniver à ses
mensonges, en les confirmant. Nous lui dîmes
donc, très-amicalement, que nous ne pouvions
nullement nous rendre à ses instances,
et que sa demande étoit absolument inutile.
Alexis ne répondit pas un mot, et nous crûmes
que nous nous en étions fait un ennemi dangereux
et implacable.
Dès que nous fûmes en présence du commandant
en c h e f , il nous demanda s’il étoit
vrai que l ’Ispravnik du Kamtschatka eût envoyé
des Kouriles pour examiner les forts et
les villages des Japonois. Ayant répondu que
nous n’en avions jamais entendu parler, et
que c’étoit absolument impossible , ils inter-
rogerent Alexis. Mais nous ne comprîmes ni
la demande ni la réponse. Après quelques
questions insignifiantes, on nous fit sortir.
Alexis resta seul, et ne vint nous rejoindre
que long-temps après. Nous voulûmes savoir
sur quoi son entretien avec les Japonois avoit
roulé. « Sur mon affaire, répliqua-t-il très-
« sèchement. » On le conduisit une seconde
fois seul vers le commandant en c h e f; il
refusa encore de nous dire de quoi il avoit
été question.
Au milieu d’une foule d’interrogations oiseuses,
l’on nous en adressa aujourd’hui une
très-importante , très-intéressante, et qui
prouve la sévérité de la morale des Japonois
et de leurs lois. Us nous demandèrent pourquoi
nous avions pris, dans l’île de Kounas-
chir, du bois et du riz sans le consentement