faire tout ce que l’on nous ordonneroit. Notre
courroux ne fut pas moins violent que le
sien ; nous jurâmes que notre empereur seul au
monde avoit le pouvoir d’exiger notre obéissance
en tout, qu’il étoit aisé de nous envoyer
à la mort, mais impossible de nous forcer
à faire quelque chose malgré nous. La querelle
continua de cette manière,jusqu’au moment
où Teské nous quitta comme un furieux.
Nous appréhendions que cette scène n’eut
des suites désagréables pour n o u s , il en
arriva tout autrement. Le lendemain, Teské
arriva la mine riante, nous fit des excuses de
s’être mis la veille dans une si grande colère,
et de nous avoir mortifiés par son imprudence.
Il en rejeta la faute sur soncaractèrebouillant,
et nous pria d’oublier le passé, et d’être amis
comme auparavant. De notre côté, nous fîmes
aussi quelques excuses, de sorte que la ré conciliation
ne tarda pas à s’effectuer. Teské
avoit encore cette fois amené son frère, mais
simplement pour lui tenir compagnie; cependant,
quelques jours après, il nous rappela
que le gouverneur souhaitoit que nous le
formassions pour devenir interprète russe, et
dit en riant que nous ferions bien de l ’in s truire.
Nous répondîmes aussi en plaisantant,
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que si les Japonois se réconciîioient avec la
Russie et vouloient être nos amis, nous pourrions
emmener son frère et plusieurs autres
jeunes gens en Russie, où ils auroient l’occasion
d’apprendre non seulement la langue russe,
mais aussi beaucoup d’autres choses utiles;
que si au contraire ils n’a voient pas le dessein
de vivre en paix et en amitié avec nous, nous
ne leur enseignerions rien, parce que toute
leur science seroit inutile. Il ne fut plus du
tout, par la suite, question de ce sujet.
Nous ne pouvions pourtant venir à bout
d’apprendre siles assurances du bounio étoient
sincères; mais il nous paroissoit vraisemblable
que le gouvernement japonois n’étoit pas très-
enclin à nous croire. On doutoit même' que
notre traduction de la lettre que les officiers
de la Diane avoient laissée fût exacte; et, pour
s’en assurer , ôn eut recours au moyen Suivant
qui étoit assez singulier. On nous présenta un
cahier partagé en quatre sections; l’une conte-
noit par ordre alphabétique tous les mots de
cette lettre, ne laissant de côté que ceux
dont on connoissoit là signification, comme
mon nom, le mot japonois, et les signatures
dès officiers. À la fin de ce papier, se trou-
voient des expressions dont l’objet étoit de