maisons japonoises tiennent lieu de cloisons,
étoient ouverts du côté de la cour. On noua
mit nous trois officiers sur une ligne , à une
place un peu élevée; les matelots derrière
nous, un degré plus bas; Alexis à gauche.
Notre domestique (1) quientendoit quelques
mots russes, s’assit à notre droite, c’étoit la
place de l ’interprète Koumaddjero ; celui-ci
se mit à gauche, plus bas. Le domestique
nous avoit déjà prévenu que, dans la conférence
avec le bouniosso, il nous serviroit
d’interprète; mais nous en doutions beaucoup»
ne croyant pas qu’il seroit assez hardi que de
se charger de cette besogne, car il n’y enten-
doit rien.
La salle étoit extrêmement grande; elle
avoit pour parois des paravens dont les uns
étoient en papier, d’autres en bois dorés et
ornés de peintures qui représentoient des
paysages, des animaux et des oiseaux. Mais
la plus grande magnificence de la salle con-
sistoit dans les ciselurës recherchées et dans
les différentes espèces de bois précieux dont
les portes et les croisées étoient faites. Un
( i) Nous avions auprès de nous deux domestiques qui
entendoient le russe, à ce que supposaient les Japonois.
Celui-ci s’appeloit Heinské, l’autre Fok-Massé.
tapis d’un beau travail couvroit le plancher.
De chaque côté de la salle, on vôyoit assis
sur leurs genoux cinq officiers, le poignard à
la ceinture. Trois d’entre eux,assisun peu plu#
haut que les autres, avoient des sabres étendus
près d’eux à gauche. Us étoient vêtus da
leurs robes ordinaires;
Nous attendîmes un quart d’heure, durant
lequel les Japonois rirent et plaisantèrent
entre eux. Tout-à-coup un bruit se fit entendre
derrière un paravent; un officier s’écria:
Chut ! aussitôt Î1 se fit un profond silence. Un
Japonois,vêtu à l’ordinaire, entra,s’agenouilla,
appliqua ses deux mains sur le plancher, et
baissa la tête. Ensuite parut le bounio; il
portoit la robe noire, avec ses armoiries brodées
sur les manches, à la mode du pays. I l
avoit un poignard à la ceinture; un des cinq
Japonois qui composaient sa suite, y compris
celui qui étoit entré le premier, portoit
son sabre, tenant l’extrémité inférieure* de
cette arme enveloppée dans un morceau d’étoffe,
de sorte que ses mains n’y touchoient
pas, et que le pommeau étoit en l’air. L e
bounio s?assit à sa place , le visage tourné vers
nous ; il étoit là comme un président à la tête
de son conseil. Sa suite s’assit trois pas dep