Cernoient. Dès que nous aperçûmes sa suite,
on nous donna-ordre de retourner sur nos
pas, ce qui nous fit grand plaisir. Nous pensions
que le gouverneur de Matsma'ï avoit
envoyé cet officier pour s’enquérir plus en
détail de ce qui's’étoit passé à Kounaschir, et,
dans le cas où il seroit convaincu de nos in tentions
amicales envers son paysj pour nous
renvoyer dans nos îles avant la fin de l ’été :
mais cette espérance étoit sans fondement;
elle s’évanouit bientôt. Nous apprîmes que
l ’on nous menoit seulement au prochain village,
où l’officier vouloit nous voir. Cependant
il changea encore de plan, et nous fit
venir devant lu i, chemin faisant. Nous le
trouvâmes dans une petite maison (1) avec
deux autres officiers et quelques^personnes de
sa suite auprès de lui. Nous fûmes obligés de
nous asseoir devant lui sur une planche que
soutenoient deux morceaux de bois, et qui
étoit couverte d’ une natte. Il s’informa de
nos noms, de nos âges et de notre santé. Un
officier qui remplissoit les fonctions de se-
( i ) Dans tous les pays occupés par les Japonois, ou
rencontre sur les grands chemins, toutes les demi-
lieues, ou de lieue en lieu e , de petites maisons ou des
cabanes pour la commodité des voyageurs.
crétaire, écrivit nos réponses. Il nous souhaita
ensuite un bon voyage et nous laissa
continuer notre route.
Bientôt après, nous franchîmes une montagne,
du haut de laquelle nous aperçûmes
une vaste plaine, et la ville de Chakodade,
devant nous, dans le lointain. Au pied de la
montagne nous entrâmes dans notre dernier
gîte de nuit, le village d’Onno, le plus grand,
et, par sa position, le plus agréable de ceux
que nous avions vus. I l est situé dans une
vallée de vingt cinq à trente verstes de circonférence,
et ceint, de trois côtés, de hautes
montagnes qui le mettent à l ’abri des vents
froids. Au sud de la vallée se trouvent le port
de Chakodade et le détroit de Sangar; elle est
coupée par beaucoup de ruisseaux et de petits
torrens. Le village est comme placé au milieu
d’un jardin ; car chaque maison est entourée
d’un morceau de terre cu ltivé , où croissent
des plantes potagères et des arbres fruitiers.
Outre les plantes ordinaires à l ’Europe, nous
vîmes aussi des pommiers, des poiriers, des
pêchers, et, en certains endroits, du chanvre,
du tabac et du riz. On.no est éloigné d’environ
sept verstes de Chakodade.
Il ne sera pas hors de propos de remarquer,