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rôle, et tous les ans ils changent de poste entre
eux et avec ceux qui restent à Iédo. Le guirt-
miyagou partit à la fin de décembre, emrae-,
nant avec lui le commandant de Kounaschir,
son adjoint, l’officier d’Itouroup qui nous
avoit donné la lettre, Pinterprète kourile dont
nous nous étions servis dans nos conversations
avec ce dernier, et quelques autres employés.
Nous crûmes qu’après le départ du guin-
miyagou, nous vivrions quelque temps en
repos, mais notre espérance fut déçue. Plus
Teské faisoit de progrès dans notre langue,
plus nous avions d’occupation, avec lu i; à
mesure que nous le connûmes mieux, nous
vîmes que la bonté et la franchise dominoient
dans son caractère. Nous apprîmes de la i
beaucoup de choses que Koumaddjero ne
nous avoit pas confiées; celui-ci, d’ailleurs,
lui défendoit souvent de nous révéler telle ou
telle particularité. Un jour, par exemple,
Teské vouloit nous raconter-quelque fait concernant
Laxmann, le Hollandois qui vivoit à
Iédo ; Koumaddjero marmotta aussitôt quelques
mots entre ses dents, et Teské se tut.
Ce jeune homme sembloit avoir plus de bienveillance
pour nous que tous les autres Ja-
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ponois. Il venoit rarement nous voir sans nous
apporter quelque friandise, et c’étoit à lui
que nous étions redevables des nouvelles
marques de bonté que le gouverneur nous
donnoit chaque jour. Nous n’apprîmes qu’alors
queTeské avoit été son secrétaire et avoit
profité du haut degré de faveur dont il jouis-
soit auprès de lu i , pour le bien disposer envers
nous, et lui inspirer de nous des idées
avantageuses; cependant nous nous disputions
assez souvent. Ces altercations n’étoient
occasionnées que par son insatiable curiosité,
qui réellement nous étoit à charge.
Nous pensions etre au bout de nos traductions;
mais les Japonois ne dévièrent pas de
leur maxime : Que tout doit se faire graduellement
et non tout d’un coup. Un jour Teské
et Koumaddjero nous apportèrent l’inscription
suivante sur du papier japonois : cc L a
« frégate russe la Junojst est venue ici , et a
« nommé ce village le village du Doute. »
Nous apprîmes que Chvostoff avoit attaché
dans la pagode d’un village celte inscription
tracée sur une planche de cuivre. On voulut
savoir ce qu’elle signifioit. Nouvelles difficultés
à résoudre pour nous. Que vouloit dire ce
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