on nous régala de thé sans sucre dans des
tasses qui, conformément à l’usage japonois,
n étoient pleines qu’à moitié;elles nous furent
présentées sur des plateaux; de laque qui ne
cessoient d’aller à la, ronde. L ’on nous, avoit
pourtant demandé d’abord si nous voulions
du thé ou toute autre chose de préférence;
ensuite, on apporta des pipes et du tabaç, et
la conversation commença. Le commandant
s,informa de notre rang, de nos noms, du
nom de la corvette, du lieu d’où nous venions,
de celui où nous allions , du motif de
notre arrivée dans l ’île, de la cause qui avoit
porté les batïmens russes à attaquer les v illages
japonois ; enfin si nous connoissions
Resanoff, et où il étoit? Nos réponses à toutes
ces questions furent conformes à tout ce que
nous avions dit précédemment; le commandant
en second lés écrivit toutes. Les Japonois
me dirent alors que, pour nous pro,curer une
quantité de vivres proportionnée à nos besoins,
il étoit nécessaire qu’ils connussent le
nombre de notre équipage. Quelque ridicule
que fut cette question, ils.ne la faisoientpas
sans dessein..Nous pensâmes qu’il étoitàpra-
pos de grossir notre force et de la porter au
double, c’est-à-dire à 102 hommes. Alexis ne
t m )
put ni comprendre ni exprimer ce nombre ; ce
qui m’obligea de tirer autant de traits avec-un
crayon sur un morceau de papier, et de les
faire compter aux Japonois. Ils me dernan-
fièrent ensuite s i , dans, ces parages , il y
avoit d’autres bâtimens russes aussi gros que
la Diane. Nous répondîmes qu’il s’en trou-
voit beaucoup à Ocholsk, au Kamtsehatka et
en Amérique. Ils. nous adressèrent encore
quelques questions peu importantes sur nos
moeurs , nos habillernens, etc., et examinèrent
les cartes, les couteaux montés en ivoire
et les verres ardens que j’avois apportés en
présent au Commandant en chef, ainsi que
les piastres que je destin ois- à payer les provisions,
après que les Japonois en auraient
fixé la quantité.
Durant notre entretien , le midshipman
Moor observa que l’on distribuait des sabres
nus.aux soldats assis autour de l’es paçe vide;
Il me Je dit aussitôt ; mais je pensai qu’il avoit
aperçu par hasard un sabre nu , et je lui demandai
en riant s’il ne se trompoit pas, puisque
les Japonois. portoient presque toujours
des sabres, et qu’ils n’avoient en ce moment
aucun motif de les dégainer. Je crus l ’avoir
tranquillisé; mais bientôt une nouvelle cir -