il. M. Moor lu i dit que lui-même étoit allé
au Kamtschatka; mais le Japonois comprit
qu’il l’yavoit v u ,lu ien témoigna beaueoupde
plaisir, et fit part sur-le-champ de cette nouvelle
à l’interprète. Nous avions déclaré plusieurs
fois qu’il n’y avoit pas de Japonois au
Kamtschatka, sinon les sept qui, le printemps
précédent, s’y étant sauvés du naufrage,
liabitoient à Nischnei-Kamtschatka, et que
nous n’avions pas vus. Ayant cherché à faire
comprendre à l’interprète la méprise du domestique
: «Quelle astuce! quelle astuce!»
s’écria-t-il ; puis il sortit. Nous fûmes de
nouveau tourmentés de l ’idée d’avoir éveillé
des soupçons dans l’ame des Japonois , comme
a y a n t voulu leur cacher quelque chose. Nous
aurions bien voulu savoir si ce domestique
étoit un des Japonois que Chvostoff avoit
enlevés, ou s’il avoit fait naufrage au Kamtschatka.
Le i . er octobre, on vint nous annoncer que
le lendemain nous serions conduits devant le
boun io , ou gouverneur, et le 2 nous nous
mîmes en marche absolument dans le même
ordre qu’à Chakodade , si ce n’est que les
soldats impériaux tenoient les extrémités de-
nos cordes. Le chemin qui menoit à la porte
méridionale du château ou fort où nous allions,
passoit entre le mur et la ravine. Le château
se trouvoit à l’extrémité ; sa distance de notre
prison étoit d’un quart de verste. La route
étant un peu sale, les Japonois l’avoient couverte
de planches, sur lesquelles nous marchions;
ils tenoient au-dessus de nous des
parapluies pour nous mettre à l ’abri. Nous
entrâmes dans une vaste cour pavée en petits
cailloux, puis on nous fit asseoir de file sur
un banc placé dans une longue cabane. Nous
y attendîmes environ une heure. Enfin, une
porte.s’ouvrit; nous passâmes dans une seconde
coût; en approchant de la porte de la
troisième cour, les soldats qui nous accom-
pagnoient ôtèrent leurs sabres, leurs poignards
et leurs souliers ( ï) , et les laissèrent
à la porte. Nous fûmes obligés aussid’ôternos
bottes ; alors On ou vrit la porte, et l’on nous
conduisit A un grand édifice en bois, eri
nous faisant passer sur des nattes de paille
très-propres. L à , on nous plaça devant une
grande salle, dont les paraVens q u i, dans les
(1) Ou plutôt leurs sandales de paille, car les Japonois
ne portent ni bottes ni souliers ; ils font des sandales
avec «de la paille ou de l’herbe tressée* J’en parlerai dans
son temps.