relativement à la population nombreuse et à
l ’industrie des Japonois, q u e , le long de la
côte que nous avons suivie, et qui a bien
mille vingt verstes (1) d’étendue > il n’y a
pas une baie, pas une petite anse où l ’on ne
voie un village bien peuplé. Entre les v illages
on élève , en été, des cabanes de branchages
qui sont habitées durant cette saison.
Tous ces gens s’occupent de pêcher, faire sécher,
saler le poisson, de recueillir et faire
sécher les mollusques qui habitent les coquillages.
Us ramassent une plante marine que
la mer jette en grande abondance sur la côte,
et que les Russes, dans ces parages, nomment
chou de mer, l’étendent sur le sable et le font
sécher. Us le mettent ensuite en tas comme
nous faisons pour le foin, et le couvrent avec
des nattes jusqu’au moment de le charger dans
des bateaux et de l’expédier pour les ports de
Niphon. La mer ne produit rien que les Japonois
ne mangent. Toutes les espèces de
poissons, de mollusques, de coquillages, de
plantes marines , servent à leur nourriture.
Aussi v o it -o n un nombre considérable
( 1 ) Les Japonois estiment la ro u te , par te r r e , de
Kounaschir à Chakodade , à 255 r i , équivalant chacun à
un peu plus de 2000 brasses de notre mesure.
d’hommes occupés le long des côtes à procurer
des moyens de subsistance a. 1 innombrable
population de l’empire.
C’est à peu près à cent cinquante ou deux
cents verstes de Chakodade que finissent les
villages kouriles et que commencent les japonois.
Us ont pour limite respective un petit
torrent q u i, au moment de notre passage ,
étoit tellement gonflé par les pluies, que nous
eûmes beaucoup de peine à le traverser. Les
villages kouriles sont la plupart petits, ne
consistent qu’en cabanes sans jardins potagers
ni vergers, et ont en général un aspect misérable.
Les petites maisons qui s’y trouvent
pour le commandant et pour l ’inspecteur du
commerce, tous deux Japonois, sont seules
bâties avec une sorte d’élégance, tenues très-
proprement, enfin pourvues de jardins et
de vergers. Les villages japonois ont un aspect
tout différent. Us sont grands et ont
des rues régulières : toutes les maisons y sont
en bois (1), mais très-jolies ; chacune a son
jardin, quelques-unes ont aussi des vergers.
(1) Dans tout le J ap on , l ’on ne rencon tre que des
maisons en bois. Les Japonois nous onfesouvent dit
qu’ils pourroient en construire eu p ie r r e , mais que le s
fréquens tremblemens de terre les en empêchent.